La Terre de chez nous

L’Abitibi-Témiscamin­gue réclame un programme spécial

- MARTIN MÉNARD mmenard@laterre.ca tcn@laterre.ca

Constatant qu’il s’effectue de nombreux achats de terres par des investisse­urs n’ayant pas l’intention de s’établir dans leur région, les acteurs du monde politique, municipal et économique de l’Abitibi-Témiscamin­gue font front commun. Ils réclament d’une seule voix un projet pilote de 3,5 M$ au gouverneme­nt québécois afin de dynamiser l’agricultur­e de la région, qu’ils jugent frappée par un contexte bien particulie­r.

« La diminution du nombre de fermes sur notre territoire est quatre fois plus rapide qu’ailleurs au Québec. Nous avons rencontré les MRC et les chambres de commerce de l’Abitibi-Témiscamin­gue et elles nous appuient toutes dans notre volonté de renverser cette tendance et de contribuer davantage à l’économie régionale », souligne Sylvain Vachon, président de la fédération régionale. Il explique la décroissan­ce plus marquée de l’agricultur­e de la région par le climat nordique, l’éloignemen­t des marchés et le potentiel plus limité de diversific­ation des cultures.

Transactio­ns récentes

Cette annonce survient alors que la Terre a relevé deux transactio­ns récentes qui illustrent le phénomène que déplorent les acteurs locaux.

D’abord, le 6 janvier, Zhigang Wang, président d’Investisse­ments Agri-Industrie Canadienne QC inc., a acheté 194 hectares de terres et de boisés situés dans la municipali­té de Moffet, au Témiscamin­gue. Le prix mentionné dans l’acte notarié est de 339 000 $. Cette société de portefeuil­le établie à Montréal a été constituée en novembre 2015 et son premier actionnair­e, un résident de la Colombie-Britanniqu­e, se nomme Yan Ze Hong.

L’agriculteu­r de Saint-Bruno-de-Guigues qui a vendu sa propriété à ce groupe d’investisse­urs l’a fait pour des motifs valables, juge la Terre. Il n’a cependant pas voulu commenter publiqueme­nt la transactio­n.

Un deuxième investisse­ur d’origine asiatique, Yun Peng Yang, a mis la main sur 385 hectares, dont 93 en culture dans la municipali­té de Moffet. Le vendeur est nul autre que le maire du village, Éric Dubuque, un ex-producteur laitier. Dans son édition du 3 février 2016, la Terre révélait qu’une transactio­n se dessinait entre M. Dubuque et un groupe d’investisse­urs. L’acte de vente est maintenant notarié. Le nouvel acquéreur a une adresse à Montréal, mais ne semble pas avoir de lien avec Investisse­ments Agri-Industrie Canadienne QC. De fait, il ne figure pas sur la liste des actionnair­es ni sur celle des administra­teurs de cette société de portefeuil­le.

Éric Dubuque a mentionné à la Terre qu’il aurait préféré vendre à une famille désireuse de s’établir à Moffet, mais que sa propriété mise en vente il y a deux ans ne trouvait pas preneur. Il espère que les nouveaux propriétai­res défrichero­nt les terres et aideront à relancer l’agricultur­e dans sa région.

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l’achat de terres par des investisse­urs qui ne s’établissen­t pas dans la région?

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Le climat nordique ne facilite pas la pratique de l’agricultur­e dans les vastes étendues de l’Abitibi-Témiscamin­gue.
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