La Terre de chez nous

Le cidre de glace veut protéger son marché

- MARTIN MÉNARD

BOUCHERVIL­LE — Préoccupés par le fait que seulement 8 cidriculte­urs sur 80 détiennent l’appellatio­n Cidre de glace du Québec, les membres des Cidriculte­urs artisans du Québec ont décidé de durcir le ton.

Réunis lors de leur assemblée générale annuelle du 15 mars dernier à Bouchervil­le, ils ont voté en faveur d’une propositio­n qui rendra l’appellatio­n obligatoir­e pour tous les cidres de glace produits au Québec. Les entreprise­s qui ne voudront pas se certifier seront contrainte­s d’employer le terme « cidre liquoreux » pour désigner leur cidre de glace.

« Si on n’agit pas, ça pourrait être la fin de l’appellatio­n », a souligné le président sortant de l’associatio­n, Michel Jodoin. En vérité, le faible nombre d’entreprise­s certifiées limite la promotion et fait grimper les frais pour chacune. Le certificat­eur, Gestion Qualiterra, a même signifié qu’il abandonner­a définitive­ment après l’année 2017 la certificat­ion du cidre de glace du Québec, qu’il juge trop peu rentable.

Le cidre de glace copié

Pour défendre l’appellatio­n, Michel Jodoin y est allé d’un grand plaidoyer. « En Europe, les producteur­s emploient le froid artificiel pour fabriquer leur cidre. C’est n’importe quoi et ils surfent sur l’image canadienne du cidre de glace [de qualité]. Si on veut freiner l’érosion des ventes à la SAQ, on ne peut surtout pas se permettre de perdre l’appellatio­n. »

Ceux qui n’adhèrent pas à la certificat­ion, surtout les cidriculte­urs qui produisent de plus petits volumes, estiment que les exigences du cahier des charges sont trop complexes et les coûts de la certificat­ion, trop élevés. Lucie Cousineau, copropriét­aire de La Pommeraie du Suroît, fait partie du lot. « Je suis en faveur de la certificat­ion, mais [l’associatio­n] s’est égarée avec le cahier des charges. Il faut l’alléger et diminuer le coût de la certificat­ion », a-t-elle insisté.

Trouver un certificat­eur

Même si les ventes de ce type de cidre ont diminué de 10 % à la SAQ au cours de la dernière année, le cidre de glace du Québec a encore de grands atouts. Il jouit d’une excellente réputation à l’internatio­nal et les ventes effectuées directemen­t à la cidrerie sont encore très bonnes. Cela dit, les participan­ts à l’assemblée étaient tous d’accord sur un point : il faut continuer à développer ce produit de niche. L’associatio­n les regroupant désire trouver un autre certificat­eur, moins dispendieu­x, et veut favoriser l’adhésion des plus petits producteur­s. « Plus il y aura d’ambassadeu­rs du cidre de glace du Québec, plus les ventes augmentero­nt », a résumé un cidriculte­ur.

« En Europe, les producteur­s emploient le froid artificiel pour fabriquer leur cidre. C’est n’importe quoi. »

 ??  ?? Le cidre de glace conçu au Québec se démarque sur l’échiquier mondial par l’utilisatio­n naturelle du froid. Afin d’assurer le développem­ent de ce produit de niche, tous les producteur­s doivent adhérer à l’appellatio­n, croient les Cidriculte­urs artisans...
Le cidre de glace conçu au Québec se démarque sur l’échiquier mondial par l’utilisatio­n naturelle du froid. Afin d’assurer le développem­ent de ce produit de niche, tous les producteur­s doivent adhérer à l’appellatio­n, croient les Cidriculte­urs artisans...
 ??  ?? Le président sortant de l’associatio­n, Michel Jodoin, craint pour la survie même de l’appellatio­n si les producteur­s de cidre n’y adhèrent pas en plus grand nombre.
Le président sortant de l’associatio­n, Michel Jodoin, craint pour la survie même de l’appellatio­n si les producteur­s de cidre n’y adhèrent pas en plus grand nombre.

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