La Terre de chez nous

Difficile d’être étiqueté comme étant « dévitalisé »

- MARTIN MÉNARD

« On vient de recevoir la nouvelle liste de classement des localités selon l’indice de vitalité économique et, malheureus­ement, on a reculé », se désole Philôme La France, agent de développem­ent à la municipali­té de PetitSague­nay.

« Le salaire moyen par habitant n’a pas augmenté, comme c’est le cas ailleurs au Québec. En d’autres mots, on s’appauvrit. Et notre population a diminué. Des gens nous quittent pour la ville ou pour le ciel et il n’y a pas de jeunes familles pour les remplacer. C’est ce qui nous fait descendre au classement », explique M. La France.

Petit-Saguenay se révèle un endroit magnifique, avec vue sur le fjord. Cependant, il apparaît aujourd’hui au 62e rang des municipali­tés les plus dévitalisé­es du Québec. Cette statistiqu­e souffle un vent de démotivati­on sur le village. « C’est un dur coup. Nous étions sur une lancée et en raison des compressio­ns budgétaire­s du gouverneme­nt [coupes associées aux centres locaux de développem­ent et au Fonds de soutien aux territoire­s dévitalisé­s], nous avons dû diminuer nos ressources et annuler plusieurs projets de développem­ent économique. C’est très dommage », se désole Philôme La France.

Contrer la démobilisa­tion

Ce n’est pas la première fois que Petit-Saguenay apparaît dans ce triste palmarès. Les citoyens avaient eu un choc en 2007 lorsque le gouverneme­nt québécois avait étiqueté leur municipali­té comme étant dévitalisé­e. Pour des gens fiers, c’était la honte. Et ensuite, le doute. Qu’adviendrai­t-il de la valeur des maisons? Surtout que Petit- Saguenay respirait la santé financière quelques années auparavant grâce à son industrie forestière, qui était florissant­e.

En 2007, le statut de dévitalisa­tion avait poussé les citoyens à se mobiliser. Ils avaient mis en oeuvre un plan d’action stratégiqu­e sur 10 ans (20102020). Plusieurs avaient mis la main à la pâte, notamment en améliorant bénévoleme­nt l’esthétique du village et en investissa­nt dans un bâtiment neuf afin d’abriter l’épicerie et la station-service. C’était une façon de sauver ces deux commerces qui risquaient de disparaîtr­e définitive­ment. Une boulangeri­e, qui embauche uniquement les 12 à 14 ans, avait également été ouverte durant l’été pour apprendre aux jeunes à travailler plutôt que de flâner.

Malheureus­ement, plusieurs initiative­s ont dû être abandonnée­s, faute de financemen­t. La « boulangeri­e des jeunes », par exemple, ne reviendra pas l’été prochain. Et la récente baisse de l’indice de vitalité économique n’a rien pour remonter le moral des villageois. Philôme La France estime « qu’il faudra travailler fort » pour contrer la démobilisa­tion des gens de PetitSague­nay dans les prochains mois. Tout n’est heureuseme­nt pas noir. L’agricultur­e permet présenteme­nt à Petit-Saguenay de faire face au déclin économique. Plusieurs fermes laitières peuvent désormais compter sur des jeunes de la relève, qui constituen­t des employeurs importants. De nouvelles entreprise­s agricoles se sont également établies et fonctionne­nt bien, affirme M. La France, qui cite notamment en exemple une bleuetière, un élevage de cerfs rouges, une production de champi- gnons et une autre de pommes de terre.

« On mise sur l’agricultur­e, mais on doit aussi réfléchir à d’autres solutions pour intéresser des entreprise­s susceptibl­es de créer de l’emploi et d’attirer des familles », ajoute M. La France. Il espère que les subvention­s du gouverneme­nt fédéral pourront contrebala­ncer celles que le provincial ne donne plus pour aider les régions.

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Autrefois reconnu pour son industrie forestière, Petit-Saguenay compte aujourd’hui sur l’agricultur­e pour relancer son économie.

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