La Terre de chez nous

La dette agricole atteint-elle une limite?

- THIERRY LARIVIÈRE

Le passif financier total des agriculteu­rs du Québec a augmenté de 3,6 G$ de 2011 à 2015, mais la valeur des actifs a grimpé de pas moins de 18,5 G$ durant la même période. Est-ce que ce niveau d’endettemen­t représente quand même un problème? C’est un peu la question que se pose le Comité permanent de l’agricultur­e et de l’agroalimen­taire de la Chambre des communes, qui s’est intéressé depuis un mois à la dette agricole et à ses effets. Plusieurs représenta­nts du secteur ont été entendus par les députés fédéraux.

« Le problème de l’endettemen­t, ce n’est pas la valeur de l’actif, c’est sa capacité de rendement », a soutenu Marcel Groleau, président de l’Union des producteur­s agricoles (UPA), en entrevue à la Terre. Si les terres doublent de valeur, mais que le rendement qu’on peut en tirer demeure à peu près le même, « ça devient un frein pour la consolidat­ion ou l’expansion des fermes ».

Le 9 mai dernier, l’UPA a souligné devant le Comité que le ratio d’endettemen­t restait faible depuis plusieurs années et que la « marge de manoeuvre qu’ont actuelleme­nt les entreprise­s permet de gérer les risques financiers ».

La hausse annoncée des taux d’intérêt pourrait cependant changer la donne. « Tant que les taux sont bas, ça se gère, mais une augmentati­on même minime de ceux-ci pourrait être problémati­que », prévient Marcel Groleau.

Michael Hoffort, présidentd­irecteur général de Financemen­t agricole Canada (FAC), était devant le Comité le 11 avril. FAC, qui détient plus du quart de la dette agricole canadienne, a souligné que la vitesse de croissance du prix des terres a diminué pendant les trois dernières années. « En 2015, pour la première fois depuis de nombreuses années, la dette agricole a crû plus rapidement que la valeur de l’actif agricole », a ajouté Michael Hoffort. FAC demeure néanmoins confiant en l’avenir en raison notamment de bonnes perspectiv­es de revenus agricoles.

Risques pour la relève

« Le problème, c’est que si une ferme est trop endettée avant le transfert, ça devient difficile pour la relève de financer son projet », a fait valoir à la Terre Michèle Lalancette, présidente de la Fédération de la relève agricole du Québec (FRAQ). Devant le Comité, le 2 mai, la FRAQ a rappelé que la dette peut être un levier si elle est justifiée. Michèle Lalancette a aussi demandé aux élus fédéraux de favoriser les « formules vendeur-prêteur » par un rabais d’intérêts. Celles-ci font que le cédant reçoit une sorte de rente à long terme, qui permet d’assurer sa retraite. « On enlève l’intermédia­ire des banques », a expliqué Michèle Lalancette.

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La capacité de remboursem­ent de la dette dépend avant tout du rendement qui peut être tiré de l’actif agricole.
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