La Terre de chez nous

Le point sur les pertes de rendement

- MARTIN MÉNARD

Des producteur­s se grattent la tête et se demandent combien de tonnes de rendement seront perdues à cause du retard des semis. Faut-il opter pour des cultivars hâtifs? Substituer une culture à une autre? Le chercheur Gilles Tremblay, du Centre de recherche sur les grains (CÉROM), fait le point.

Soya

Les essais du chercheur, échelonnés sur plusieurs années, montrent que le soya est l’une des cultures qui souffrent le plus des retards de semis. Gilles Tremblay estime que normalemen­t, jusqu’au 25 mai, les pertes de rendement sont minimes. Semer entre le 25 mai et le 5 juin entraîne généraleme­nt des pertes de 15 à 20 %. Après le 5 juin, ce pourcentag­e grimpe radicaleme­nt. « Quelqu’un qui sème du soya à la mijuin peut s’attendre à perdre 50 % de rendement », indique M. Tremblay.

Il explique que le développem­ent du soya est énormément affecté par la variation de la durée du jour. Il précise qu’en août, la plante arrête son développem­ent et déclenche son mécanisme de maturation lorsque son exposition à la lumière descend sous les 14 heures. En d’autres mots, la croissance s’interrompt essentiel- lement au même moment pour tous les plants de soya. Ainsi, une plante semée début mai aura bénéficié de plus d’heures de lumière pour accroître sa masse végétative et son nombre de gousses, ce qui explique la différence de rendement.

« Évidemment, le développem­ent du soya n’est pas uniquement relié à la photopério­de; la chaleur et l’humidité ont aussi une incidence. L’impact sur les rendements d’un semis effectué en juin peut être moins catastroph­ique que prévu si la météo coopère », nuance M. Tremblay.

Maïs

Les semis de maïs effectués avant le 15 mai génèrent en moyenne les meilleurs rendements. « Entre le 15 et le 25 mai, il y a des pertes de rendement, mais rien d’énorme. Ensuite, ça augmente. Mes essais montrent qu’on perd environ 33 % du potentiel de rendement lorsqu’on sème du maïs à la mi-juin », explique le chercheur.

Un retard de semis occasionne moins de pertes de rendement dans le maïs que dans le soya. Par contre, la qualité (poids spécifique) décroît significat­ivement quand le maïs est semé tardivemen­t, sans oublier qu’il aura une teneur en eau plus élevée, ce qui augmentera les coûts de séchage.

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Après le 5 juin, Gilles Tremblay, du CÉROM, suggère de remplacer les semis de maïs par du soya. Mais pas avant!

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