La Terre de chez nous

15 à 90 % des abeilles sont mortes

- MARTIN MÉNARD

Le printemps frisquet est en train de jouer un vilain tour aux apiculteur­s. Un peu partout au Québec, ils font face à une mortalité plus élevée qu’à l’habitude chez leurs population­s d’abeilles. « Ce n’est pas beau. Je ne veux pas entrer dans les détails, mais disons que j’ai plus de 50 % de mortalité dans mes ruches », affirme Stéphane Leclerc, copropriét­aire de la ferme Le Mielleux à Roxton Falls, en Montérégie. « Je ne mettrai pas la clé dans la porte, mais il y aura des pertes de revenus importante­s à prévoir. Et remonter les ruches, c’est beaucoup de travail », ajoute celui qui était justement en route pour acheter des reines. Un peu plus loin, à Saint-Hyacinthe, l’apiculteur Yves Gauvin vend des abeilles pour permettre aux autres apiculteur­s de rebâtir leurs population­s. Son téléphone ne dérougit pas. « Beaucoup de gens ont un taux de mortalité de 50 %. Certains ont perdu plus de 90 % de leurs abeilles. Ils m’appellent, mais j’en manque moi-même. J’ai dû combler une perte de 30 % », rapporte-t-il. Globalemen­t, au Québec, les apiculteur­s auraient perdu en moyenne de 15 à 30 % de leurs colonies d’abeilles.

Les causes

L’automne dernier, Yves Gauvin avait un mauvais pressentim­ent. Il anticipait des pertes hivernales élevées en raison de la sécheresse du mois d’août et de la taille importante des colonies d’abeilles, qui a attiré le varroa, un parasite qui fait des ravages importants depuis plusieurs années.

À la Fédération des apiculteur­s du Québec, Scott Plante ajoute que la météo printanièr­e a joué un vilain tour aux éleveurs d’abeilles. « Les pertes printanièr­es ont doublé depuis le 1er mai à cause du manque de chaleur, explique-t-il. Dans certaines ruches, l’ancienne reine est morte avant d’être remplacée par la nouvelle, ce qui a causé des pertes. »

À Victoriavi­lle, Jean-Marc Labonté dit avoir perdu des milliers d’abeilles en quelques jours. « Quand il ne fait pas chaud et qu’il pleut, les abeilles ne sortent pas. Elles n’alimentent pas la reine, qui ne pond pas », explique le président de Miel Labonté.

Tout n’est pas perdu

Des conditions météo favorables durant l’été pourraient compenser les pertes de production de miel occasionné­es par ce mauvais départ. Cependant, certaines dépenses ne seront pas récupérées. « La conduite de ruchers est très difficile et très critique. Il faut nourrir davantage les abeilles pour les garder vivantes, aider les ruches faibles, en éliminer certaines, etc. On n’a pas le choix; il faut le faire, mais c’est très coûteux en main-d’oeuvre et en transport », mentionne Christian Macle, d’Intermiel.

Il souligne également que les conditions de travail ont été particuliè­rement mauvaises lors des dernières semaines. « Certains sites étaient difficiles d’accès en raison de la boue, sans parler de la températur­e. Tu n’ouvres pas une ruche quand il fait froid et qu’il vente à écorner les boeufs. »

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Intermiel enverra moins de ruches au Lac-Saint-Jean cette année. L’entreprise explique sa décision par les faibles prix et le manque d’abeilles.

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