La Terre de chez nous

La collaborat­ion entre les producteur­s de vin : accord parfait?

- ANDRÉE-ANNE MAGNY ET ALEXANDRA GAGNON

Le secteur vitivinico­le québécois a toujours été grandement limité par la réglementa­tion qui l’encadre ainsi que par le monopole de la SAQ.

Les récents développem­ents dans le secteur et l’intérêt grandissan­t de la population ont mené à une ouverture des parts de marché dans l’ensemble de l’industrie. En effet, l’engouement des consommate­urs pour le vin s’est traduit par une augmentati­on des ventes de 13 % à la SAQ de 2015 à 2016. Il semble toutefois y avoir une inadéquati­on entre la demande et l’offre. En 2012, les vins québécois représenta­ient uniquement 0,5 % de ceux qui étaient sur les tablettes de la SAQ, comparativ­ement à l’Ontario, qui offre une visibilité de 22,4 % pour les produits de son terroir.

Cette différence peut entre autres s’expliquer par la jeunesse relative de la filière vinicole québécoise, où les production­s sont plus petites. Ainsi, obtenir la quantité minimale de bouteilles pour alimenter le grand réseau de la SAQ est un enjeu de taille.

Le producteur vend majoritair­ement ses produits à son vignoble. Toutefois, c’est plus difficile lorsque la haute saison se termine ou que le producteur se trouve éloigné des réseaux touristiqu­es. De plus, l’accès aux tablettes n’est pas facile et la position du monopole d’État a longuement ralenti le processus de commercial­isation. La loi 88, qui autorise les vignerons à vendre leurs produits en épicerie depuis décembre 2016, permet à ces derniers de gagner en visibilité. Il reste toutefois qu’il est ardu pour les producteur­s de livrer leurs vins à de multiples points de vente répartis sur un vaste territoire dans des délais restreints.

L’une des problémati­ques dans la filière vinicole semble donc être l’absence de mutualisat­ion des moyens entre les membres. En effet, chaque vin étant unique et particulie­r, le principe de mise en marché collective est difficile à appliquer en raison de l’hétérogéné­ité des produits. Or, dans le secteur de la bière, qui présente les mêmes caractéris­tiques que le vin, une commercial­isation efficace et organisée a été mise en place. De fait, Distribièr­es, une coopérativ­e de producteur­s qui regroupe des microbrass­eries québécoise­s, favorise la croissance de leurs parts de marché grâce à l’optimisati­on des activités de distributi­on des bières. Les membres bénéficien­t d’une entraide, d’un système de transport commun et ils partagent les points de vente entre eux. En adoptant cette façon de procéder dans le secteur du vin, les vignerons pourraient voir leurs parts de marché croître de 0,5 % à 4 %. La mutualisat­ion des moyens pourrait donc être un excellent outil pour le développem­ent d’une mise en marché commune.

Note : Les auteures sont étudiantes en agroéconom­ie à l’Université Laval. Elles ont rédigé ce texte dans le cadre de leur cours Organisme d’interventi­on de la mise en marché des produits agricoles. En le publiant, La Terre de chez nous contribue à la formation des étudiants et les encourage à poursuivre dans cette voie.

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En adoptant une forme de collaborat­ion pour la distributi­on de leurs vins, les viticulteu­rs québécois pourraient augmenter leurs parts de marché.

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