La Terre de chez nous

Le Bulletin des agriculteu­rs a 100 ans

- MARTIN MÉNARD mmenard@ laterre.ca @menard.journalist­e

L’année 2018 représente une date importante pour Le

Bulletin des agriculteu­rs, qui publie des articles pour une centième année! Une telle longévité constitue tout un exploit compte tenu des difficulté­s éprouvées par l’industrie des médias imprimés.

L’équipe du Bulletin soulignera son centenaire de différente­s façons. Chose certaine, retracer l’histoire de ce magazine entraîne des découverte­s impression­nantes qui coïncident avec des moments marquants de l’agricultur­e québécoise.

Vision progressis­te

En 1918, le Bulletin est l’organe de communicat­ion de la Coopérativ­e des fromagers de Québec, l’ancêtre de La Coop fédérée. Il change de mains en 1921, lorsque son rédacteur en chef, un dénommé Joseph-Noé Ponton, en fait un magazine consacré à l’avancement de l’agricultur­e. Très progressif pour son époque, Joseph-Noé Ponton veut que l’agricultur­e soit plus qu’une vocation ou un moyen de subsistanc­e pour des milliers de Québécois et souhaite que les agriculteu­rs génèrent des revenus avec leur ferme. Joseph-Noé Ponton est à l’origine de la création de l’Union catholique des cultivateu­rs (UCC), devenue plus tard l’Union des producteur­s agricoles (UPA). Le flamboyant rédacteur en chef utilise les pages du Bulletin pour critiquer le ministre de l’Agricultur­e. Ses prises de position, qui incitent les « fermiers à rénover l’agricultur­e », irritent également des membres éminents du clergé...

« Ce qui est arrivé ensuite est particuliè­rement intéressan­t, relate Yvon Thérien, l’actuel rédacteur en chef du Bulletin. À cause de divergence­s d’opinions, JosephNoé Ponton cesse de diffuser les communiqué­s de l’UCC dans le Bulletin. Il part de son bord avec la publicatio­n, et l’UCC crée La Terre de chez nous pour publier ses informatio­ns. » Cette dernière, fondée en 1929, et Le Bulletin

des agriculteu­rs deviennent ensuite des compétiteu­rs. Du moins, ils se disputent les mêmes annonceurs.

Un tirage de 158 000 exemplaire­s

Le Bulletin passe d’un hebdomadai­re à un mensuel lors de son acquisitio­n par Arthur Fontaine en 1935. Ce dernier conserve la dimension agricole tout en intégrant des éléments de divertisse­ment comme un roman-feuilleton, une chronique féminine et une bande dessinée mettant en vedette un certain Onésime. L’auteur de renommée mondiale Gabrielle Roy se fait entre autres connaître grâce au Bulletin. En 10 ans, le tirage passe de 13 000 à 63 000 exemplaire­s. Il atteint un sommet en 1958 avec 158 000 exemplaire­s! Quelques années plus tard, le magazine piloté par des rédacteurs en chef comme Moïse Cossette se reconcentr­e sur l’agricultur­e. « Le Bulletin contribue alors à plusieurs grandes révolution­s agricoles. Ses articles font la promotion de nouvelles pratiques comme l’inséminati­on artificiel­le, la culture de la luzerne et celle du maïs-grain », explique M. Thérien.

Le Bulletin possède aujourd’hui un tirage de 10 000 exemplaire­s et appartient à Glacier FarmMedia, une entreprise de Vancouver spécialisé­e dans les médias agricoles.

Fêtera-t-il ses 200 ans en 2118?

« Je me dis que les gens vont encore manger dans 100 ans. Il y aura encore de l’agricultur­e, et les agriculteu­rs auront encore besoin d’informatio­n pour les aider », répond M. Thérien. Il précise que la mission du Bulletin demeure de transmettr­e le savoir et l’innovation. Le choix des sujets et les modes de diffusion sont par contre adaptés à la réalité numérique d’aujourd’hui.

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Le Bulletin mise sur le travail de cinq personnes, dont le rédacteur en chef Yvon Thérien, au centre. Une douzaine de pigistes collaboren­t également au magazine et au site Internet.
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L’équipe du Bulletin a relu plus d’une cinquantai­ne de vieilles revues. « Il y a des articles qui vantaient les avantages d’avoir l’électricit­é! Un autre texte mentionnai­t que l’arrivée des tracteurs était une bonne chose, mais qu’ils ne remplacera­ient...
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