Coyotes et corneilles s’attaquent davantage aux veaux
SAINT-DAMASE — La présence des coyotes autour des bâtiments agricoles n’est plus anecdotique. Elle représente une menace de plus en plus grande, selon des agriculteurs du Bas-Saint-Laurent. Ces canidés, qui s’en prennent aux veaux qui sont au pâturage avec leur mère, sont un véritable fléau pour certains producteurs bovins. À ces prédateurs s’ajoutent les corneilles, qui harcèlent les jeunes animaux en leur piquant les yeux, les narines ou la langue. Conséquence : les veaux doivent être abattus.
René Matter en sait quelque chose. « L’an dernier, j’en ai trois qui ont passé à la casserole, se désole-t-il. Ces veaux ont été bouffés et tués. Si la bête n’est pas en super forme, les corneilles lui bouffent les yeux. Quant aux urubus, ils attendent que l’animal soit mort. »
Le producteur bovin de SaintDamase, dans La Matapédia, raconte qu’un de ses veaux s’est fait dévorer le tour des narines. « Tu voyais les os, se souvient-il. Les mouches et les vers sont entrés là-dedans. Ça s’était tout infecté. » Le printemps dernier, le copropriétaire de la ferme bovine Au Reflet des Vosges, qui produit annuellement près de 140 vaches-veaux, a découvert un petit dont il ne restait que la tête, la peau et les os. Demande d’indemnisation Selon le président du Syndicat des producteurs de bovins du Bas-SaintLaurent, Daniel Reichenbach, de plus en plus de ses membres parlent de ce phénomène, qui occasionne des pertes financières à leur entreprise. Il prévoit proposer à son conseil d’administration d’adopter une résolution afin de demander à Québec d’instaurer un programme d’indemnisation des pertes causées par la faune. Il croit également que la chasse aux corneilles devrait être autorisée.
Le copropriétaire du Ranch Danclau à Saint-Ulric, dans La Matanie, en a aussi long à dire sur les corneilles. « Elles crèvent les yeux des veaux et mangent la vulve et l’anus des vaches, décrit Daniel Reichenbach avec dégoût. Une fois, elles avaient fait un trou de 3 à 4 pouces. On voyait les intestins. Quand elles ont goûté à ça, elles reviennent. Un jour, j’avais mis un petit veau dans une cage et elles tentaient de le picosser. » L’agriculteur observe des urubus qui rôdent, mais ils s’attaquent à l’animal seulement une fois qu’il est mort. « Ce sont des charognards », rappelle-t-il.
Le président du Syndicat constate la présence de plus en plus de coyotes près de ses bâtiments. « J’en ai déjà vu trois ou quatre autour des bâtisses, racontet-il. Au champ, avec les tracteurs, ils n’ont pas peur, même si on est proches. L’été, la nuit, quand les fenêtres sont ouvertes, on les entend. »
Daniel Reichenbach, dont la ferme produit annuellement 320 vaches-veaux, estime qu’il perd deux ou trois bêtes chaque année à cause de ces prédateurs. Il évalue les pertes financières dues à ce fléau à quelque 3 000 $/an.