Vaches et déchets radioactifs: mêmes risques?
L’expansion des troupeaux deviendrait démesurément coûteuse s’ils devaient être soumis aux mêmes règles environnementales que les déchets nucléaires…
Pour la conseillère en gestion Dominik Desrosiers, il est clair que la réalisation d’études d’impact environnemental désavantage les entreprises québécoises, et pas seulement en raison de leur coût considérable. En effet, les délais nécessaires à l’obtention des autorisations retardent la croissance des entreprises et les privent de revenus, et font augmenter les coûts de construction et les frais de financement, surtout en cette période de hausse des taux d’intérêt. L’agronome assure que certaines exploitations laitières qu’elle a visitées aux États-Unis étaient loin d’avoir une telle facture environnementale.
En Chaudière-Appalaches, le producteur de bovins Jules Côté est plus catégorique. « On comprend très bien que pour une ferme familiale, ça n’a pas de bon sens de débourser plus de 125 000 $ pour une étude d’impact environnemental, de conformer nos lieux d’élevage, de peser notre fumier, de remplir tous les registres... Surtout quand les producteurs des autres provinces et des États-Unis n’ont pas à subir toute cette réglementation », dit M. Côté, qui attend depuis des années l’aboutissement de ses démarches pour obtenir son certificat d’autorisation dans le cadre du REEIE actuel.
Diviser son entreprise
L’ingénieur Yves Choinière dresse un constat semblable. « Les entreprises qui désirent prendre de l’expansion séparent leur exploitation en deux sites distincts. Ça fait deux systèmes d’entreposage du fumier, deux dispositifs d’approvisionnement en eau et en moulée, deux sites à excaver, etc. Ce sont des coûts énormes! Des coûts que des producteurs d’autres provinces n’ont pas », souligne le copropriétaire d’une importante firme de génie-conseil qui réalise des projets agricoles au Québec et en Ontario.
Afin d’assurer la croissance de son entreprise, le producteur de lait Stéphane Blanchette a acheté une deuxième ferme pour élever ses animaux de remplacement. « Un deuxième site, ça gonfle mes coûts de production de 5 à 6 % comparativement à tout avoir sur un même site. Mais c’est ça, le Québec », ironise-t-il.
L’ingénieur Yves Choinière soulève également un paradoxe intéressant. Lorsque les propriétaires optent pour plusieurs petits sites d’élevage, ils ne peuvent rentabiliser l’utilisation de technologies qui ont un impact positif sur l’environnement, comme les séparateurs de lisier et les biodigesteurs anaérobies.