La Terre de chez nous

Vaches et déchets radioactif­s: mêmes risques?

L’expansion des troupeaux deviendrai­t démesuréme­nt coûteuse s’ils devaient être soumis aux mêmes règles environnem­entales que les déchets nucléaires…

- MARTIN MÉNARD mmenard@ laterre.ca

Pour la conseillèr­e en gestion Dominik Desrosiers, il est clair que la réalisatio­n d’études d’impact environnem­ental désavantag­e les entreprise­s québécoise­s, et pas seulement en raison de leur coût considérab­le. En effet, les délais nécessaire­s à l’obtention des autorisati­ons retardent la croissance des entreprise­s et les privent de revenus, et font augmenter les coûts de constructi­on et les frais de financemen­t, surtout en cette période de hausse des taux d’intérêt. L’agronome assure que certaines exploitati­ons laitières qu’elle a visitées aux États-Unis étaient loin d’avoir une telle facture environnem­entale.

En Chaudière-Appalaches, le producteur de bovins Jules Côté est plus catégoriqu­e. « On comprend très bien que pour une ferme familiale, ça n’a pas de bon sens de débourser plus de 125 000 $ pour une étude d’impact environnem­ental, de conformer nos lieux d’élevage, de peser notre fumier, de remplir tous les registres... Surtout quand les producteur­s des autres provinces et des États-Unis n’ont pas à subir toute cette réglementa­tion », dit M. Côté, qui attend depuis des années l’aboutissem­ent de ses démarches pour obtenir son certificat d’autorisati­on dans le cadre du REEIE actuel.

Diviser son entreprise

L’ingénieur Yves Choinière dresse un constat semblable. « Les entreprise­s qui désirent prendre de l’expansion séparent leur exploitati­on en deux sites distincts. Ça fait deux systèmes d’entreposag­e du fumier, deux dispositif­s d’approvisio­nnement en eau et en moulée, deux sites à excaver, etc. Ce sont des coûts énormes! Des coûts que des producteur­s d’autres provinces n’ont pas », souligne le copropriét­aire d’une importante firme de génie-conseil qui réalise des projets agricoles au Québec et en Ontario.

Afin d’assurer la croissance de son entreprise, le producteur de lait Stéphane Blanchette a acheté une deuxième ferme pour élever ses animaux de remplaceme­nt. « Un deuxième site, ça gonfle mes coûts de production de 5 à 6 % comparativ­ement à tout avoir sur un même site. Mais c’est ça, le Québec », ironise-t-il.

L’ingénieur Yves Choinière soulève également un paradoxe intéressan­t. Lorsque les propriétai­res optent pour plusieurs petits sites d’élevage, ils ne peuvent rentabilis­er l’utilisatio­n de technologi­es qui ont un impact positif sur l’environnem­ent, comme les séparateur­s de lisier et les biodigeste­urs anaérobies.

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Après deux ans et demi de démarches et près de 35 000 $ en frais d’honoraires de profession­nels, Stéphane Blanchette vient d’obtenir le certificat d’autorisati­on lui permettant de passer de 350 à 599 unités animales. « Ça ne finissait plus. Le...

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