La diversité s'affirme
Il y a huit ans, des producteurs faisaient leur coming out au défilé de la Fierté gaie. Un premier colloque révèle aujourd’hui, en milieu rural, une diversité sexuelle et de genres en évolution.
Isabelle Laflamme et sa conjointe Audrey Ducharme ont élu domicile à Sainte-Angèle-de-Monnoir, en Montérégie, pour y démarrer leur entreprise maraîchère La Récolte des Dames. Les deux sont mères d’un enfant de six ans et d’un bambin de neuf mois. Cette famille atypique ne suscite pas pour autant de regards déplacés, affirme Mme Laflamme. Elle ajoute que l’éducation de ses enfants fait la différence. « Si tu montres à tes enfants qu’ils n’ont pas à être gênés de provenir d’une famille différente, ils ne le seront pas, mais l’inverse est aussi vrai », indique celle qui a rencontré sa conjointe au secondaire.
Elle estime que si les couples lesbiens s’impliquent moins que les hommes dans les regroupements d’agriculteurs homosexuels, c’est en raison des horaires chargés avec les enfants. Cela dit, elle juge important de s’impliquer auprès de sa communauté LGBT : « La visibilité des femmes en agriculture n’est pas grande; celle des lesbiennes l’est encore moins. »
Près de Québec, Amélie Beauregard Yang, 26 ans, travaille dans une ferme porcine. Celle qui a fait une maîtrise en sciences animales estime que son orientation sexuelle ne constitue pas un obstacle. « Je n’ai pas de problème à parler de mon orientation, car jusqu’à présent, je n’ai jamais vécu de situation déplaisante. Je trouve le monde très respectueux dans le milieu », déclare-t-elle, précisant qu’« il y aura toujours des homophobes, mais ça ne correspond qu’à une minorité ».
Lorsqu’ils se font aborder par les conseillers agricoles ou leurs fournisseurs, deux hommes sur une ferme se feront d’abord demander s’ils sont frères.