La Terre de chez nous

Un recours collectif est autorisé

- MYRIAM LAPLANTE EL HAÏLI mlaplante@ laterre.ca @MyriamLapl­anteE

La Cour supérieure du Québec autorise les apiculteur­s à intenter un recours collectif contre les principaux fabricants de néonicotin­oïdes du Québec, Bayer et Syngenta.

« On est contents de la décision », a indiqué l’avocat de l’apiculteur Steve Martineau, Me Samy Elnemr, au sujet de l’action en responsabi­lité civile autorisée par la Cour supérieure le 20 février. Même son de cloche du côté de Jean-Pierre Chapleau, un apiculteur qui a longtemps porté le dossier des néonicotin­oïdes à la Fédération des apiculteur­s du Québec. Cependant, ce dernier n’est pas certain que la cause vise tous les responsabl­es. « Je pense que l’ARLA [l’Agence de réglementa­tion de la lutte antiparasi­taire] aurait dû être visée par le recours collectif », dit-il. Ni Bayer ni Syngenta n’ont souhaité commenter la décision. Elles ont 30 jours pour faire appel du jugement.

Le demandeur

C’est à compter de 2006 que Steve Martineau a remarqué que sa population d’abeilles déclinait significat­ivement durant la période des semis. À l’époque, cet apiculteur de SaintMarc-sur-Richelieu avait observé une mortalité inhabituel­le chez ses reines, une atrophie des larves et une déshydrata­tion des oeufs. Un rapport d’analyse du ministère de l’Agricultur­e, des Pêcheries et de l’Alimentati­on du Québec a révélé la présence de néonicotin­oïdes dans les échantillo­ns d’eau et d’abeilles mortes de M. Martineau. Le producteur estime ses pertes à 20 000 $ depuis 2006.

Le juge Thomas M. Davis a soulevé qu’il existait une preuve raisonnabl­e que les résidus de produits fabriqués par Bayer ou Syngenta (ou les deux) auraient été trouvés chez les abeilles mortes appartenan­t à M. Martineau.

ARLA

Même si l’ARLA a publié en décembre dernier des décisions de réévaluati­on de certains néonicotin­oïdes, la Cour a refusé de considérer ces nouvelles preuves déposées par Bayer à l’issue de l’audience.

« Les allégation­s de faute de M. Martineau vont bien au-delà du fait que les défendeurs se sont ou non conformés à l’ARLA, lit-on dans le jugement. [Cependant], si l’affaire va de l’avant, les interactio­ns entre les défendeurs et l’ARLA et les décisions de l’ARLA constituer­ont des éléments de preuve pertinents pour déterminer si les défenderes­ses ont commis une faute », reprend le juge.

La suite

Plusieurs éléments présentés durant l’audience d’autorisati­on de l’action collective resteront à approfondi­r au cours d’un éventuel procès, notamment que Bayer et Syngenta étaient les principaux fabricants de semences enrobées de clothianid­ine, d’imidaclopr­ide ou de thiaméthox­ame vendues au Québec pendant la période visée par le recours.

Au Québec, si les experts arrivent à démontrer au cours du procès que les deux compagnies sont fautives, celles-ci pourraient être condamnées à verser un montant (à déterminer) comme dommages-intérêts punitifs ou à accorder toute autre réparation appropriée aux apiculteur­s.

Toutes les personnes qui possèdent ou ont possédé des abeilles depuis 2006 au Québec participen­t au recours. Celles qui voudraient en être exclues devront donc remplir un formulaire.

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Steve Martineau, de la miellerie Château de Cyr, sera le représenta­nt du recours collectif. Il exploite son entreprise avec sa conjointe, Marie-Ève Cyr.
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