La Terre de chez nous

5 conseils pour percer le marché du cannabis

- MYRIAM LAPLANTE EL HAÏLI mlaplante@ laterre.ca @MyriamLapl­anteE

Pour démystifie­r cette nouvelle production agricole, La Terre a visité les installati­ons de marijuana de Saint-Lucien, au Centre-du-Québec. Petit guide des meilleures pratiques et conseils d’experts.

Si l’an dernier il n’y avait qu’un seul producteur de cannabis médical au Québec, ils sont six aujourd’hui à se partager le marché, hé, et 54 à attendre leur autorisati­on de Santé Canada, comme les agriculteu­rs Stéphane Bertrand et Maxime Bégin. Il n’est pas s trop tard pour attaquer le marché récréatif, selon les experts consultés par La Terre, à condition de démarrer en se fiant aux règles de production actuelleme­nt en vigueur.

SAINT-LUCIEN — On ne parlera pas de ce moment comme du premier pas sur la Lune, mais qu’une journalist­e de La Terre visite pour la première fois un site de production légale de cannabis a quelque chose d’irréel.

Chez Vert Cannabis, propriété de Canopy Growth, les visiteurs sont d’abord accueillis par une imposante clôture entourant le bâtiment de 7 000 pi2, et plus on s’approche de la porte principale, plus on remarque la quantité de caméras qui guettent notre arrivée. Dès l’ouverture de la porte, une légère odeur de joint nous assaille les narines, mais on s’y habitue au fur et à mesure de la visite.

La production du cannabis médical est extrêmemen­t réglementé­e. Cela se reflète sur la propreté des lieux et la rigidité des protocoles de sécurité. En mars, Santé Canada a dévoilé de nouvelles normes de production qui pourraient entrer en vigueur lors de la légalisati­on : seuils de production, développem­ent de variétés et production extérieure. Cependant, le projet de loi fédéral n’a pas reçu la sanction royale, ce qui nous oblige à parler des exigences en employant le conditionn­el…

Microcultu­re et pépinière

L’approche réglementa­ire que Santé Canada a dévoilée en novembre ne définissai­t pas le terme petit producteur. Quatre mois plus tard, en mars, le minis- tère a proposé d’établir la superficie totale que les microprodu­cteurs pourraient cultiver, à l’intérieur comme à l’extérieur, à 200 m2 (2 150 pi2 ou 0,02 ha). Le site de production de Saint-Lucien aura probableme­nt une autorisati­on de culture standard, croit le chef de marque de Canopy Growth pour le Québec, Adam Greenblatt.

Le gouverneme­nt cherche à éliminer le marché noir en légalisant le cannabis. Ironiqueme­nt, la culture illégale servira au marché légal! « Le matériel de départ est difficile à obtenir, coûte cher et est dur à importer », soutient le directeur associé des opérations au Bureau du cannabis médical de Santé Canada, Benoit Séguin. C’est du marché noir que proviendra­it donc dans un premier temps la génétique végétale du cannabis cultivé par les exploitant­s de pépinières légales. Benoit Séguin remarque d’ailleurs un intérêt grandissan­t pour les futures licences d’exploitati­on de pépinières.

Production extérieure

La culture du cannabis en champ serait possible pour les quatre licences de production. Santé Canada se questionne cependant sur d’éventuelle­s conséquenc­es pour les production­s agricoles adjacentes, le maintien des bonnes pratiques de production et le contrôle des odeurs à la période de floraison.

Est-ce que le gouverneme­nt provincial pourrait l’interdire? « Québec pourrait venir encadrer le tout de façon stricte », indique l’avocat Pierre-Luc Desgagné, de la firme Langlois avocats.

Quatre plants

La culture des quatre plants à domicile pourrait bien mener Québec et Ottawa devant les tribunaux après le refus de Justin Trudeau, la semaine dernière, de modifier le projet de loi qui appuierait la position du Québec sur la question. Le gouverneme­nt fédéral avait pourtant spécifié que les provinces pourraient abaisser le nombre de plants que les résidents seraient autorisés à cultiver chez eux. Zéro étant inférieur à quatre, « Québec affirme clairement qu’il respecte la loi fédérale, puisque son interdicti­on vise à réduire le nombre de plants pouvant être cultivés à domicile et non pas à l’augmenter », indique l’avocat Pierre-Luc Desgagné. Le débat est loin d’être clos à cet égard.

Lalégalisa­tionnesera­peut-êtrepaseff­ective au 1er juillet, puisque le projet de loi est toujours à l’étude au Sénat. Cependant, le gouverneme­nt fédéral prévoit accorder de 8 à 12 semaines de délai aux provinces à partir du moment où la sanction royale lui sera accordée.

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L’avocat Pierre-Luc Desgagné
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