Demande urgente sur le prix
– Bruno Letendre, président
Alors que le prix du lait atteint un creux historique de 64,12 $ par hectolitre, les Producteurs de lait du Québec (PLQ) s’adressent formellement à la Commission canadienne du lait (CCL) afin qu’elle déclenche un processus d’augmentation du prix. Dans le champ, la grogne s’intensifie.
Cette conjoncture « plus que pourrie » met des entreprises en danger et les perspectives de redressement à moyen terme sont peu probables, estiment les PLQ. Évoquant des circonstances exceptionnelles, l’organisation se lance la première dans la démarche auprès de la CCL et interpelle ses partenaires des autres provinces. Elle juge la situation à ce point urgente qu’elle demande à la Commission de lancer un processus accéléré et de faire une annonce au plus tard le 1er août.
Grogne
Sur le terrain, le mécontentement des producteurs s’accentue. Plusieurs d’entre eux comptaient manifester le 23 mai, devant les bureaux de l’Union des producteurs agricoles à Longueuil. Sur la page Facebook de la manifestation, ils critiquaient le travail du comité quota et la « gestion broche à foin ». « On est très conscients du mécontentement des producteurs. On comprend que ça fait mal, des prix du lait à ce niveau-là », affirme le directeur général des PLQ, Alain Bourbeau.
La conjoncture difficile s’explique par la croissance exceptionnelle de la demande et l’engouement pour le gras laitier qui a fait croître les surplus de solides non gras (SNG). Ceux-ci sont vendus à des prix très bas. « Les explications ne rendent pas la situation moins catastrophique, reconnaît M. Bourbeau. Mais ce n’est pas parce qu’on est des imbéciles. Ce serait le
fun de dire que c’est la faute des gros méchants transformateurs, mais à qui peut-on reprocher de ne pas lire l’avenir? »
« On a administré selon ce qu’on voyait comme signaux et le marché a été imprévisible. Le redressement de la situation serait beaucoup plus facile s’il y avait un coupable », ajoute le président des PLQ, Bruno Letendre.
Le vendredi 18 mai, l’organisation a d’ailleurs tenu un webinaire pour renseigner les producteurs. « Ce n’est pas vrai qu’on ne fait rien. Ça prend du temps. Il faut aller chercher l’appui de nos partenaires. On est dans un système canadien », rappelle le président Letendre. D’ailleurs, le sentiment d’urgence n’est pas perçu pareil partout au Canada, remarque-t-il.
Les dirigeants des PLQ démentent aussi la rumeur selon laquelle il y a trop de lait dans le système. « Il faut être clair : on n’est pas dans une décroissance, mais dans un ralentissement de la croissance. On demande juste de
slacker le gaz un peu », illustre Bruno Letendre.
À la fin d’avril, les PLQ ont envoyé un premier signal en réduisant le droit de produire. Les 23 et 24 mai, leur conseil d’administration se penchait sur des moyens de ralentir la croissance, que ce soit par une réduction du quota, des journées additionnelles ou des tolérances de production.