La Terre de chez nous

L’intelligen­ce artificiel­le au secours des rendements

- MYRIAM LAPLANTE EL HAÏLI mlaplante@ laterre.ca @MyriamLapl­anteE

Imaginez, dans une serre, un algorithme intelligen­t capable de relever et d’analyser des millions de données, puis de contrôler et d’optimiser la production en temps réel pour prédire, avec précision, le moment de la récolte.

C’est ce que propose la start-up montréalai­se Motörleaf aux entreprise­s en serres horticoles et maraîchère­s commercial­es. La technologi­e donnera la possibilit­é d’automatise­r la prévision des rendements, originelle­ment faite manuelleme­nt par les agronomes, et de permettre un approvisio­nnement régulier aux grandes chaînes à l’année.

« Dans un contexte où l’ensemble des activités de production en serre à travers le Canada vise à fournir un approvisio­nnement en continu aux grandes chaînes d’alimentati­on, l’algorithme permet aux agriculteu­rs de se sécuriser, d’aller chercher une rentabilit­é et de négocier de bons prix, parce que du côté des grandes chaînes, on s’assure d’avoir un produit de qualité, en continu et selon les attentes des consommate­urs pour satisfaire leurs besoins », explique Jean-Philippe Coiteux, le directeur à l’investisse­ment qui s’occupe de l’entreprise chez Desjardins Capital.

Intelligen­ce agronomiqu­e

Dans le monde de la finance, l’engouement est palpable. Une ronde de financemen­t a permis à Motörleaf d’amasser 2,85 M$ US. Desjardins Capital a elle-même investi 675 000 $ dans la compagnie. L’algorithme, nommé Agronomist.ia, sera personnali­sable et adaptable à chacune des production­s en serre. La technologi­e est actuelleme­nt à l’essai dans une serre de tomates de 70 acres en Californie, où les résultats ont démontré une réduction de 50 % du taux d’erreurs significat­ives. De plus, on teste l’algorithme dans des serres en Pologne, au Royaume-Uni et aux Pays-Bas. Au Québec, un producteur de cannabis médical en fait l’essai et les université­s Concordia et McGill développen­t avec Motörleaf de nouvelles formes de collecte de données volumineus­es.

Pour les agriculteu­rs, la technologi­e ne requerra pas d’investisse­ments majeurs, puisqu’elle s’intégrera aux systèmes de prélèvemen­t de données déjà en place dans la serre. En entrevue à La Terre, le président directeur général de Motörleaf, Alastair Monk, explique que la technologi­e servira aux petites, aux moyennes et aux grandes entreprise­s, et bien que l’algorithme ne permette pas encore de le faire, il pourra ultimement donner aux grossistes la possibilit­é d’anticiper la production en fonction des besoins à venir sur le marché.

Évolution

La technologi­e ouvre également la voie à la recherche et au développem­ent. Dans le domaine des serres, ce n’est pas une révolution que propose la start-up, mais à tout le moins une évolution. Selon le directeur général des Producteur­s en serre du Québec, Claude Laniel, la technologi­e est intéressan­te; il faut cependant convaincre les agriculteu­rs d’y adhérer. « La plus grande difficulté, c’est de dire aux gens que l’ordinateur prendra les décisions à leur place. C’est le même principe que pour la voiture autonome », affirme-t-il.

L’implantati­on de la technologi­e ne se fera pas de sitôt. Si la collecte de données semble être au point, la prise de contrôle du système par l’algorithme ne semble pas encore être optimale.

 ??  ??
 ??  ?? Le système de Motörleaf est actuelleme­nt à l’essai dans une serre de tomates en Californie, mais également au Québec, dans une production de cannabis médical.
Le système de Motörleaf est actuelleme­nt à l’essai dans une serre de tomates en Californie, mais également au Québec, dans une production de cannabis médical.
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada