La Terre de chez nous

« On est 200 000 $ en dessous »

– Pierre-Luc Roussel

- MARTIN MÉNARD mmenard@ laterre.ca @menard.journalist­e

Les faibles récoltes d’eau d’érable enregistré­es dans plusieurs secteurs du Québec malmènent de jeunes entreprise­s qui venaient tout juste de démarrer.

La Terre vous en présente quatre.

Près de Rimouski, Pierre-Luc Roussel et son groupe ont investi 1,8 M$ dans la constructi­on d’une érablière dernier cri en novembre dernier. Tout a été conçu pour maximiser la production, dont les quatre stations de pompage reliées par fibre optique et le système de tuyaux souterrain­s.

Jamais M. Roussel ne se serait attendu à un si maigre rendement de 1,5 lb à l’entaille à leur première année d’exploitati­on. « On visait au moins 4 lb à l’entaille! Ça nous donne un sérieux coup. Ça fait qu’on est 200 000 $ en dessous », commente-t-il.

Le Groupement forestier Métis-Neigette, propriétai­re de l’érablière, poursuit néanmoins son plan d’ajouter 2 000 entailles pour atteindre le nombre de 25 000 l’an prochain. Pierre-Luc Roussel, gestionnai­re du volet acéricole, précise qu’une faible récolte comme celle de cette année abaissera cependant leur historique de production, ce qui les pénalisera lors d’un éventuel octroi de quotas de la Fédération des producteur­s acéricoles du Québec. Surtout que le Groupement a l’objectif d’entailler 125 000 érables d’ici sept ans.

Incapable de rembourser son prêt

Toujours au Bas-Saint-Laurent, Mathieu Poirier, 35 ans, lançait aussi sa nouvelle érablière avec la saison 2018. Tiré au sort en 2016 pour le volet démarrage de la Fédération, celui-ci devait obtenir 2,5 lb à l’entaille pour atteindre son seuil de rentabilit­é, mais n’a récolté que 1 lb. « C’est sûr que je n’arrive pas. Ça me donne un revenu de 25 000 $ sur un prêt de 350 000 $. Je vais demander à la Financière si je peux payer uniquement les intérêts », confie celui qui a investi son argent personnel dans l’achat du lot de 10 000 entailles.

« On garde le sourire »

En Gaspésie, Christine Côté et son conjoint ont construit une érablière de 20 000 entailles en territoire public. Avec 1,7 lb, ils n’ont pas fait leur contingent. « La première année, c’est la pire en matière de [dépenses], mais ç’a aussi été la pire en termes de rendement! Mais on garde le sourire; c’est tellement un beau métier », dit celle qui mise sur la transforma­tion et l’agrotouris­me pour rentabilis­er l’entreprise.

Au seuil de rentabilit­é

Également gagnant du tirage au sort de nouveaux contingent­s, Simon Bellegarde, en Estrie, a obtenu 2,9 lb à l’entaille sur les terres qu’il loue à Domtar. « J’aurais aimé faire plus, mais dans mon plan d’affaires, j’ai fixé mon seuil de rentabilit­é à 2,5 lb à l’entaille. Alors je suis correct. Et la saison plus tardive m’a permis de me faire la main avec l’équipement. Je serai prêt pour l’an prochain », analyse celui qui, à 35 ans, a investi près de 1 M$ dans l’acéricultu­re.

Mesures d’aide

En entrevue à La Terre, la Fédération reconnaît que la situation n’est pas facile pour certains acériculte­urs en démarrage. Les dirigeants évalueront diverses mesures d’aide, avec la Financière notamment, au cours des prochaines semaines.

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Mathieu Poirier et sa conjointe ont trimé dur pour démarrer leur érablière de 10 000 entailles sur un lot acheté récemment. Leur première saison s’est toutefois avérée loin d’être rentable.
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