La Terre de chez nous

Des abreuvoirs achalandés

- OLIVIER SAMSON-ROBERT Profession­nel de recherche au Départemen­t de phytologie Jusqu’à 600 abeilles peuvent être observées dans un abreuvoir en période de canicule.

Bien que cela puisse paraître surprenant, l’eau est une composante essentiell­e à la survie et au bon fonctionne­ment des colonies d’abeilles domestique­s. Au printemps, par exemple, l’eau est nécessaire afin de décristall­iser le miel et d’alimenter le couvain, alors qu’en été, de grandes quantités d’eau sont rapportées à l’intérieur de la ruche dans le but d’y réguler la températur­e interne. Les besoins annuels en eau d’une colonie d’abeilles domestique­s sont d’ailleurs estimés à 25 litres.

Un abreuvoir anticontam­ination

La consommati­on et l’utilisatio­n d’eau contaminée par des pesticides représente­nt un risque pour les colonies. En guise de solution, l’équipe de recherche de Valérie Fournier à l’Université Laval a travaillé, de 2014 à 2016, au perfection­nement d’un abreuvoir qui permet de réduire l’exposition des pollinisat­eurs aux sources d’eau contaminée et de possibleme­nt diminuer le taux de mortalité des abeilles domestique­s. Ce projet était financé par le programme Prime-Vert du ministère québécois de l’Agricultur­e.

Les résultats obtenus ont démontré que les abreuvoirs étaient rapidement adoptés par les abeilles et utilisés de manière soutenue durant toute la saison. Pendant les journées de canicule, il était possible d’observer jusqu’à 600 abeilles s’abreuvant au même moment, ce qui témoigne de l’important besoin comblé par les abreuvoirs.

Somme toute, la présence de ces derniers n’a toutefois pas permis de diminuer statistiqu­ement le taux de mortalité des abeilles. Cela dit, de nouvelles analyses de résidus de pesticides ont confirmé que l’eau du milieu agricole était contaminée par une vaste gamme d’intrants (17 composés pesticides), dont des néonicotin­oïdes (75 % des échantillo­ns), alors que les abreuvoirs en sont toujours demeurés exempts.

Moins de noyades

De plus, nos observatio­ns démontrent que le risque de noyade pour les abeilles est trois fois plus faible dans les abreuvoirs que dans les sources d’eau naturelle telles que ruisseaux et flaques d’eau.

Finalement, l’ajout d’abreuvoirs permet aux colonies de faire une importante économie de temps et d’énergie, puisque les ouvrières n’ont plus à rechercher activement des points d’eau ni à voyager sur de longues distances pour transporte­r cette eau à la ruche. Les abeilles passent ainsi plus de temps à butiner.

Selon les chercheurs, il ne fait aucun doute que l’utilisatio­n d’abreuvoirs artificiel­s dans les ruchers constitue une pratique apicole à adopter et contribue à la santé et à la performanc­e des colonies.

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