La Terre de chez nous

Travailler par choix et par passion

Oubliez le stéréotype de Liberté 55, du farniente et des deux pieds sur la plage. Nos agriculteu­rs québécois rêvent d’une retraite où ils continuent à travailler, même rendus à cet âge où plusieurs songent à vendre leur maison pour aller vivre en résidenc

- BERNARD LEPAGE Collaborat­ion spéciale

« On a un beau travail, mais il faut vraiment avoir la passion; c’est la nourriture du bonheur », explique avec philosophi­e Viateur Boisvert, un agriculteu­r de 74 ans qui exploite une ferme bovine à Saint-Stanislas, en Mauricie, avec sa femme Suzanne Charest, 71 ans, et son fils Stéphane.

« On va continuer parce qu’on aime ça, tant qu’on en sera capables. On ne travaille pas pour la paie », assure de son côté Yves Lampron, un producteur laitier de 76 ans, digne représenta­nt de la 5e génération de la famille à oeuvrer sur une terre située à Saint-Boniface. Même si la ferme est maintenant la propriété de trois de ses fils, dont Pierre, le président des Producteur­s laitiers du Canada, M. Lampron consacre près d’une quarantain­e d’heures par semaine sur le terrain.

« Mes gars m’ont fait un cadeau il y a quelques années en m’offrant une pelle mécanique. Quand tu as travaillé au pic et à la pelle, c’est le bonheur total d’arriver là-dessus, avec un siège confortabl­e et la radio, et ça fait beaucoup d’ouvrage », lance-t-il.

De son côté, Viateur Boisvert n’a pas ralenti la cadence. Du printemps à l’automne, son épouse et lui parcourent les champs à raison d’une douzaine d’heures par jour, semaine après semaine. Le couple trouve même le temps d’aller danser les samedis soir au club de l’âge d’or local. « Une autre passion », affirme le septuagéna­ire avec un clin d’oeil.

Secret de jouvence

Mais quel est le secret de cette énergie? Une partie réside sans doute dans le fait que l’exploitati­on de ces producteur­s a atteint sa maturité et que la relève est déjà aux commandes.

De plus, la mécanisati­on des opérations et l’utilisatio­n de machinerie puissante rendent le travail moins difficile physiqueme­nt. « C’est beaucoup plus sécuritair­e et facile de nos jours, indique Yves Lampron. Aujourd’hui, une femme peut faire la traite de 130 vaches toute seule sans problème. »

Et dans une forme d’entente tacite, les jeunes s’occupent des tâches plus à risque et exigeantes physiqueme­nt. « Je remarque que les gars font attention à moi. Ils sont conscients que leur père a 76 ans. Ils me ménagent sans me le dire », confie Yves Lampron.

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