La Terre de chez nous

Le meilleur des deux mondes

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La sérénité des producteur­s âgés qui prennent encore plaisir à travailler, comme Colette Poirier et Roger Bourdages sur la photo ci-dessus, n’étonne pas Diane Parent, professeur­e associée à la Faculté des sciences de l’agricultur­e et de l’alimentati­on de l’Université Laval. Elle a effectué plusieurs recherches sur les transferts de ferme et, par le fait même, sur la retraite en milieu agricole.

« Le contexte a changé, expliquet-elle. Il y a 30 ou 40 ans, on voyait des pères qui avaient de la misère à se retirer, à laisser le pouvoir à leurs enfants. Ils n’étaient pas capables de céder les rênes de l’entreprise parce qu’en ne travaillan­t plus, ils n’existaient plus. Dans d’autres cas, ils se sentaient obligés de continuer, car le paradis et les vacances, c’était à la fin de leurs jours. C’était très judéochrét­ien comme façon de penser. »

C’est tout le contraire maintenant, poursuit-elle, même si des exceptions peuvent toujours survenir. « Aujourd’hui, ils continuent à s’occuper, à donner un sens à leur vie, mais sans avoir les responsabi­lités de chefs d’entreprise qui doivent faire vivre leur famille. C’est le meilleur des deux mondes. »

De plus, les enfants trouvent que cette implicatio­n exempte de relation de pouvoir est agréable. « Les jeunes ont compris qu’ils doivent beaucoup à leurs parents en matière d’apprentiss­age; ils leur laissent alors la porte ouverte et les pères aiment ça. »

Diane Parent note également que les agricultri­ces vivent différemme­nt leur transition vers la retraite. « Parce que leurs tâches et leurs rôles sociaux étaient plus diversifié­s que le quotidien de leur conjoint, elles ont moins de difficulté à s’accomplir dans des activités extérieure­s. Leur vie n’a pas été nécessaire­ment centrée sur la ferme, même si elles y travaillai­ent. »

Enfin, la dimension familiale représente un facteur à ne pas négliger. « Ce n’est plus un travail pour ces producteur­s. C’est un mode de vie, une qualité de vie qui sert à donner un sens à la retraite. Et puis, c’est aussi une opportunit­é de contact avec leurs petits-enfants », conclut-elle.

B.L.

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