La Terre de chez nous

Les producteur­s réclament leur coût de production

- JULIE MERCIER jumercier@ laterre.ca @jumercierT­CN

LONGUEUIL — Près d’une centaine de producteur­s de lait ont manifesté devant les bureaux de l’Union des producteur­s agricoles (UPA) le 23 mai. Ils réclament une augmentati­on du prix du lait à la ferme.

« C’est rendu qu’il faut payer pour travailler. Ça prend au moins un prix pour couvrir notre coût de production », a lancé d’entrée de jeu l’instigateu­r de la manifestat­ion, Mario Vincent, un éleveur de la Montérégie. Le prix actuel de

64,12 $/hectolitre, en deçà du coût de production de 75 $/hectolitre, a mis le feu aux poudres.

« Avec mon litre de lait, le transforma­teur a fait du lait 1 %, une demi-livre de beurre et un petit yogourt de consommati­on. On doit être rendu à 10-12 $ pour mon litre alors que j’ai reçu 64 cennes », a dénoncé Martial Labrecque, de la Beauce. « Il y a de l’argent dans la filière, a poursuivi son confrère Antonin Marcoux. On veut que notre travail soit reconnu à sa juste valeur. » « L’écart entre les transforma­teurs et les producteur­s s’agrandit tout le temps. On a de la difficulté à couvrir notre coût de production, alors que les transforma­teurs font des profits substantie­ls », a renchéri Sébastien Proulx.

Gestion de crise

Ses collègues et lui ont réclamé l’ajout d’un négociateu­r externe à l’équipe des Producteur­s de lait du Québec (PLQ). « Les résultats ne sont pas là », a martelé l’éleveur des BassesLaur­entides. « Si on était une équipe de hockey, on n’aurait pas fait les séries. Il faudrait s’entourer des meilleures personnes », a renchéri Martial Labrecque.

Le président des PLQ, Bruno Letendre, a répondu aux questions des manifestan­ts concernant le prix, mais également la gestion des quotas, la négociatio­n des ingrédient­s laitiers de la classe 7 de même que le contrôle des importatio­ns aux frontières et les surplus de lait. Ceux-ci se chiffrent à environ 1,7 million de litres. Bruno Letendre, qui a dû essuyer des blâmes pour la situation actuelle, a défendu le travail de son équipe. « On vit exactement les mêmes frustratio­ns que vous et on travaille pour corriger le prix, mais ça ne se fera pas dans une semaine. On est dans un système canadien », a expliqué le dirigeant. Ce dernier a fait état des démarches des PLQ devant la Commission canadienne du lait (CCL) afin de faire augmenter le prix. Dans l’éventualit­é où la CCL donnerait suite à cette requête, des manifestan­ts ont dit craindre que les transforma­teurs ne refilent la facture aux consommate­urs.

Le Québec doit maintenant convaincre les autres provinces d’appuyer sa demande. « Il y a des producteur­s qui sont contents actuelleme­nt parce qu’ils font plus de volumes », a fait remarquer à La Terre le président des Producteur­s laitiers du Canada, Pierre Lampron. D’ailleurs, les administra­teurs de l’organisati­on canadienne se réuniront dans deux semaines.

Pour sa part, l’UPA s’est dite « très sensible à la situation que vivent les producteur­s de lait du Québec ». « Nous continuons de suivre son évolution et nous appuyons les PLQ dans leurs démarches pour que la situation s’améliore dès que possible », a déclaré l’organisati­on.

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Le président des Producteur­s de lait du Québec (PLQ), Bruno Letendre, et les autres membres du conseil d’administra­tion, ont répondu aux questions des manifestan­ts.
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Près d’une centaine de producteur­s se sont déplacés à Longueuil.
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Mario Vincent
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