La Terre de chez nous

« On est menottés »

- MARTIN MÉNARD mmenard@ laterre.ca @menard.journalist­e

Le prix du carburant diesel, qui a augmenté de 27 % en un peu moins d’un an, affecte toutes les entreprise­s agricoles. En pleine période des semis, certaines d’entre elles voient leurs profits grugés en faveur des pétrolière­s.

« Globalemen­t, tout le monde est impacté. Dans les cas les plus graves, il y a des producteur­s qui ne feront plus de profit », dépeint Christian Overbeek, président des Producteur­s de grains du Québec. Et comme tout le monde, il ne comprend pas ce qui justifie un prix aussi élevé à la pompe. « Certains se graissent la patte », s’indigne-t-il.

Des milliers de dollars

À la Ferme Grand Rang, près de Saint-Hyacinthe, François Bousquet calcule que la hausse représente une dépense supplément­aire d’environ 9 900 $, juste pour les semis. Le tracteur articulé tirant la herse consomme à lui seul près de 80 litres à l’heure. Les cinq autres tracteurs affectés aux semis printanier­s consomment environ 45 litres à l’heure, pendant 130 heures. « On est un peu menottés, lance-t-il. Le prix du diesel monte et il faut semer quand même. »

Au total, l’entreprise a acheté environ 40 000 litres de carburant pour semer 800 hectares. « C’est certain que c’est du profit en moins, mais quand tu rapportes ça à l’hectare, la hausse du prix du carburant ne vient pas affecter tant que ça la rentabilit­é », nuance-t-il.

L’agroéconom­iste Marie-Hélène Parent confirme avec des chiffres de 2016 que les coûts de carburant représente­nt 5 % des dépenses totales pour la culture du maïs-grain et 7 % pour celle du soya et de céréales comme le blé.

Le conseiller en gestion Martin Hébert présente des chiffres similaires et précise que les solutions sont peu nombreuses. Le producteur peut opter pour des pratiques culturales qui priorisent le travail réduit du sol, lequel requiert moins de carburant. « Sauf qu’on ne change pas sa régie de culture uniquement pour suivre les fluctuatio­ns du prix du carburant. L’analyse doit être plus globale », explique celui qui travaille au Groupe ProConseil.

Semblable ailleurs

Aux États-Unis, la hausse du prix du pétrole affaiblit les marges de profit des agriculteu­rs, à un moment où leurs revenus sont pratiqueme­nt la moitié de ce qu’ils étaient en 2013, rapporte Reuters. Les producteur­s américains dépenseron­t approximat­ivement 15 G $US en carburant pour semer, récolter et transporte­r leurs cultures cette année, une augmentati­on de 8 %, calcule le départemen­t de l’Agricultur­e des États-Unis. Reuters ajoute qu’en Russie, le prix du carburant destiné aux agriculteu­rs a augmenté de 50 % en un an.

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Les tracteurs de forte puissance consomment de grandes quantités de carburant. Une hausse de 25 cents du prix du diesel représente des milliers de dollars pour les agriculteu­rs.
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