La Terre de chez nous

Tous ruraux : pour des territoire­s vivants et en mouvement

- MARCEL GROLEAU Président général de l'Union des producteur­s agricoles

Le Québec a vécu un moment important la semaine dernière, à l’occasion du Rassemblem­ent pour un Québec vivant. Issu de la mobilisati­on Tous ruraux lancée récemment par Solidarité rurale du Québec (SRQ), l’événement a réuni près de 200 acteurs des quatre coins de la province souhaitant discuter des grands enjeux de la ruralité et proposer aux Québécois de rétablir les ponts entre les urbains et les ruraux.

À titre de président de SRQ et de l’Union des producteur­s agricoles (UPA), j’ai beaucoup apprécié la qualité des échanges tout au long de la journée. En présence du premier ministre du Québec, Philippe Couillard, du ministre de l’Agricultur­e, Laurent Lessard, et de plusieurs parlementa­ires, nous avons traité des défis de la vitalité et de l’occupation de territoire, de sa gouvernanc­e et de la fierté collective partagée. Des experts, tout comme les participan­ts, ont échangé sur chacun de ces sujets.

Le rassemblem­ent et la propositio­n déposée sont le fruit d’une collaborat­ion étroite des grands partenaire­s de Tous ruraux, c’est-à-dire l’UPA, La Coop fédérée et Desjardins. La participat­ion de la Fédération québécoise des municipali­tés, de la Fédération des commission­s scolaires du Québec, de l’Assemblée des évêques catholique­s du Québec, de la Centrale des syndicats du Québec, de la Communauté métropolit­aine de Montréal et du gouverneme­nt provincial a aussi fait la différence.

Je tiens également à saluer l’implicatio­n du conteur, écrivain, scénariste et chanteur québécois Fred Pellerin. On ne pouvait espérer meilleur ambassadeu­r pour ce mouvement. Fred a donné vie à un village, à une région, en l’animant, en lui donnant une âme et en s’inspirant de ses légendes. À ses côtés, un groupe impression­nant de messagers en faveur de la ruralité se sont investis dans cette démarche. Ils sont de toutes les régions et de différente­s sphères d’activité. Ils jouissent d’une grande notoriété et ont accepté d’apporter leur contributi­on à ce mou- vement en faveur de la ruralité. Je les remercie encore une fois pour leur contributi­on.

Parmi les nombreux enjeux auxquels font face les milieux ruraux figure au premier chef celui de maintenir la vitalité et l’occupation des territoire­s. Les données d’un portrait de l’évolution des milieux ruraux depuis les 25 dernières années ont mis en lumière une pénurie importante de main-d’oeuvre, puisque près de la moitié (49 %) de la population en âge de travailler est considérée comme préretrait­ée. À cela s’ajoute une décroissan­ce de la population des régions éloignées de 7 %. Certains services publics sont aussi déficients, alors que plus de 300 000 ménages et de nombreuses entreprise­s en milieu rural doivent toujours composer avec un accès très limité à Internet et au réseau de téléphonie cellulaire. La réduction des réseaux de transports en commun interrégio­naux est également préoccupan­te, notamment dans le Bas-du-Fleuve et en Gaspésie, deux régions qui ont récemment perdu 65 % de leurs services.

Ce portrait nous a menés à une question fondamenta­le : pouvons-nous donner un souffle à toute la ruralité en joignant nos efforts, en ayant des politiques coordonnée­s, inspirées des priorités régionales, impliquant les différents niveaux de gouvernanc­e qui oeuvrent sur le territoire? Tous ruraux répond par l’affirmativ­e et par une propositio­n pour des territoire­s vivants et en mouvement. Cette propositio­n évoque le territoire comme richesse inestimabl­e pour le Québec et s’appuie sur l’interdépen­dance entre les ruraux et les urbains, dans le but d’assurer une ruralité attrayante pour les génération­s futures.

Plus concrèteme­nt, Tous ruraux demande que le gouverneme­nt mette pleinement en oeuvre la Loi et la Stratégie pour assurer l’occupation et la vitalité des territoire­s, notamment par la réalisatio­n du Plan gouverneme­ntal de contributi­on à la Stratégie, composé des plans d’action de chaque ministère. S’inscrivant dans les priorités définies par les régions, ceux-ci devront être accompagné­s des moyens nécessaire­s à leur réalisatio­n.

L’élection générale qui s’annonce est l’occasion, pour chaque formation politique, de préciser ses intentions. SRQ, ses partenaire­s et les intervenan­ts associés à la démarche sont impatients de les entendre. Le sujet est d’une importance telle qu’il doit figurer parmi les enjeux de cette élection.

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