La Terre de chez nous

La chaîne de blocs sera testée dans l’agroalimen­taire d’ici

- THIERRY LARIVIÈRE tlariviere@ laterre.ca

La nouvelle technologi­e chaîne de blocs ( blockchain) pourrait permettre de simplifier et de sécuriser la traçabilit­é des produits agricoles, dont le boeuf du Québec.

Les promesses de cette technologi­e sont nombreuses. Selon les experts, il serait possible de limiter les intermédia­ires, de certifier les étapes de production, de mieux cerner les problèmes, d’isoler dans la chaîne de distributi­on les produits à risque, de faire une traçabilit­é plus détaillée que jamais, d’augmenter la sécurité alimentair­e et de diminuer le temps de transactio­n.

Agri-Traçabilit­é Québec (ATQ) va bientôt tester cette technologi­e de registre informatis­é et décentrali­sé sur la filière Boeuf Québec. « Le consommate­ur pourrait savoir qui a produit la viande, où, quand et comment », a illustré Marie-Christine Talbot, directrice générale de l’organisati­on, lors des récentes conférence­s des Perspectiv­es agroalimen­taires 2018.

Traçabilit­é complète

ATQ va donc tester la mise en place d’une chaîne de blocs pour une traçabilit­é complète de la ferme à la table. Les éleveurs et les transforma­teurs y participer­ont, de même que certains détaillant­s déjà impliqués dans la filière Boeuf Québec. On pourra alors connaître la valeur de chaque carcasse aussi loin que possible dans la chaîne et surveiller les volumes réels négociés.

Le projet pilote de 19 mois d’ATQ va permettre d’évaluer le coût de la mise en place de la chaîne de blocs de type consortium ainsi que les contrainte­s, la gouvernanc­e et la facilité d’utilisatio­n. Une fois implanté chez Viandes Forget et Viandes Lauzon, au Québec, le projet pourrait être réalisé dans un nouvel abattoir de l’Île-du-Prince-Édouard.

Intérêt sanitaire

« On a senti un intérêt des autorités sanitaires », ajoute la directrice d’ATQ. Il serait en effet aisé de savoir très rapidement où se trouve précisémen­t un lot dans toute la chaîne de transforma­tion et de commercial­isation et ainsi de faciliter un éventuel rappel. On peut notamment connaître le nom de l’agriculteu­r, l’origine du produit, la date de sa vente et de sa transforma­tion, le mode de production et si la chaîne de froid a été respectée.

Freins pour la chaîne de blocs au Canada

Sylvain Charlebois, spécialist­e de la distributi­on alimentair­e et professeur à l’Université Dalhousie, ne croit pas que les chaînes de blocs arriveront rapidement chez les détaillant­s canadiens. « Le contexte canadien est différent de celui de l’Europe ou des États-Unis. C’est pratiqueme­nt un oligopole en distributi­on au Canada », a-t-il commenté au sujet de la chaîne de blocs en agricultur­e. Il n’est donc « pas surpris » que les grands détaillant­s canadiens n’aient pas fait d’annonces sur la chaîne de blocs, contrairem­ent à Walmart aux États-Unis et à Carrefour en France. « Si les Canadiens ne s’inquiètent pas [de la sécurité des aliments], pourquoi investir? » ajoute Sylvain Charlebois.

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Boeuf Québec prendra part à un projet pilote de chaîne de blocs dans les prochains mois. Sur la photo, le coordonnat­eur du programme Partenaire­s Boeuf Québec, Jean-Sébastien Gascon (à droite), en compagnie du directeur général de Viandes Forget et...
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Sylvain Charlebois, Université de Dalhousie

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