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Impacts positifs du programme de prévention et de contrôle de la paratuberc­ulose

- JUAN CARLOS ARANGO-SABOGAL, D.M.V., PH. D. Stagiaire postdoctor­al à la Faculté de médecine vétérinair­e de l’Université de Montréal Dr GILLES FECTEAU, M.V., DACVIM Professeur titulaire à la Faculté de médecine vétérinair­e de l’Université de Montréal HÉ

La paratuberc­ulose (PTB) est une maladie contagieus­e incurable causée par

Mycobacter­ium avium ssp. paratuberc­ulosis (MAP). Elle occasionne des pertes économique­s importante­s pour l’industrie laitière, qui sont notamment liées à une diminution de la production, aux réformes précoces et à une perte de valeur de la carcasse à l’abattage. Par conséquent, les infections par MAP nuisent à la rentabilit­é des entreprise­s affectées. De plus, il existe une relation entre MAP et la maladie de Crohn chez l’humain, mais le lien de causalité n’a pas encore été démontré.

Apparition de signes cliniques à cinq ans

Même si les animaux sont infectés au cours des six premiers mois de vie par voie féco-orale principale­ment, les signes cliniques (diarrhée, amaigrisse­ment et chute de la production laitière) ne sont évidents qu’à l’âge adulte, soit autour de cinq ans.

Entre-temps, les animaux infectés contaminen­t les autres dès l’âge de deux ans, sans pour autant manifester de signes cliniques. Ces individus, qui sont appelés « animaux subcliniqu­es », posent un grand défi pour le contrôle de la PTB, car ils disséminen­t la bactérie dans le troupeau de façon silencieus­e.

Au Québec, le Programme volontaire québécois de prévention et de contrôle de la paratuberc­ulose (PVQPCP) a été lancé en 2007. Pour mesurer son impact, une étude a été réalisée à la Faculté de médecine vétérinair­e de l’Université de Montréal. Cette étude visait plus précisémen­t à décrire l’incidence et le risque d’excrétion fécale de MAP chez les vaches nées avant et après l’adhésion de 18 fermes au PVQPCP.

Un risque diminué de moitié

Les chercheurs ont observé un impact positif de l’adhésion des fermes au PVQPCP, lequel s’est reflété dans une réduction d’environ 50 % de l’incidence et du risque d’excrétion fécale de la bactérie chez les vaches nées après l’instaurati­on du programme. Cependant, l’ampleur de cette diminution peut varier selon la prévalence initiale dans le troupeau et les pratiques de régie déjà en place.

De plus, l’équipe a observé que l’hygiène des bêtes en préparatio­n au vêlage et l’exposition des génisses aux vaches adultes ou à leurs fèces avant sevrage étaient significat­ivement associées à l’excrétion fécale de MAP.

Conclusion­s de l’étude

Le programme de contrôle de la PTB est un bon exemple qui démontre que les mesures de biosécurit­é ciblées et adaptées à une exploitati­on ont des retombées positives. De plus, ce programme est probableme­nt efficace pour le contrôle d’autres maladies entériques contagieus­es à transmissi­on féco-orale, comme Salmonella spp. et Cryptospor­idium spp.

De ce fait, améliorer l’hygiène des bêtes en préparatio­n au vêlage et éviter le contact des veaux avec les vaches adultes ou leurs fèces sont des pratiques qui devraient être privilégié­es pour éviter la transmissi­on de MAP au sein des troupeaux au Québec. Par ailleurs, il est important de garder en tête que l’achat d’animaux représente le risque premier d’introducti­on de MAP dans les troupeaux. Ces éléments sont cruciaux pour le contrôle de la PTB.

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