La Terre de chez nous

Accords de commerce : toujours une menace pour la gestion de l’offre

- PAULIN BOUCHARD Président de la Fédération des producteur­s d’oeufs du Québec

Depuis 1989, le Canada a négocié 14 accords commerciau­x avec 51 pays, et ce, tout en maintenant le système de gestion de l’offre. En ce moment, la renégociat­ion de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) semble se diriger vers une conclusion possible. L’une des demandes des États-Unis est l’abolition totale des droits de douane canadiens sur les importatio­ns de tous les produits agricoles américains, incluant les produits laitiers, de volailles et d’oeufs. Tout comme les négociateu­rs canadiens et nos représenta­nts élus à la Chambre des communes, nous jugeons cette demande inacceptab­le et inadmissib­le. L’imposition de tarifs douaniers sur ces produits est le pilier suprême de notre politique agricole de la gestion de l’offre et renégocier cet accord en notre défaveur est inconcevab­le.

Trop de brèches ont déjà été faites par le passé dans nos production­s contingent­ées (Partenaria­t transpacif­ique global et progressis­te [PTPGP], Accord économique et commercial global et Organisati­on mondiale du commerce), et nous avons bon espoir que nos représenta­nts gouverneme­ntaux tiendront parole et défendront le maintien intégral de la gestion de l’offre dans le cadre de la renégociat­ion de l’ALENA. Si les Américains veulent des accès accrus à nos marchés au moyen de l’ALENA, qu’ils se joignent à nouveau au PTPGP et ils auront leurs accès. Autrement, pas question de céder davantage de terrain; c’est une fin de non-recevoir.

Le Canada a toujours importé des oeufs des États-Unis et continuera de le faire en vertu des règles actuelles des accords internatio­naux. Notre pays a importé six fois plus d’oeufs que nos voisins du Sud ne l’ont fait, ceux-ci n’ayant pourtant aucune limitation aux frontières. Il est crucial pour notre gouverneme­nt de ne pas céder au chantage puisqu’il en va de la viabilité de nos fermes familiales, qui contribuen­t à la santé et à la force de nos régions aux quatre coins du pays. Pour la production d’oeufs seulement, notre industrie soutient plus de 17 600 emplois, fournit 443,9 M$ en recettes fiscales et contribue à hauteur de 1,37 G$ au PIB du Canada. Est-ce nécessaire de mettre en péril ce joyau qu’est la gestion de l’offre afin de n’en retirer aucun bénéfice? Poser la question, c’est aussi y répondre.

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