La gestion de l’offre sur une vague de popularité
WONEWOC — Croulant sous les surplus, de plus en plus de producteurs laitiers du Wisconsin réclament l’implantation de la gestion de l’offre aux États-Unis.
« Nous devons trouver un moyen de diminuer la production pour que tout le monde reçoive un meilleur prix », soutient Jim Goodman, président de la National Family Farm Coalition.
Au pays de l’Oncle Sam, le terme gestion de l’offre fait peur. Depuis quelques mois, M.Goodmanjouesurlesmotsetmèneplutôt une campagne en faveur d’un meilleur « contrôle de la production axé sur les besoins des consommateurs ». La journée de notre rencontre, il attendait la visite d’une équipe de tournage de la chaîne CNN. Il devait également s’entretenir avec des représentants du sénateur du Vermont, Bernie Sanders.
En mars dernier, Jim Goodman a assisté à une séance d’information sur la gestion de l’offre canadienne, organisée par la Wisconsin Farmers Union, en collaboration avec les Producteurs de lait de l’Ontario. Cette tournée d’une dizaine de rencontres, baptisée Dairy Together, a arpenté le Wisconsin ainsi que le Michigan. « Au début de la réu- nion, beaucoup de producteurs étaient sceptiques face à la gestion de l’offre. À la fin, tout le monde était d’accord pour dire que ça pourrait être la solution », raconte l’éleveur.
Jerry Volence faisait partie de l’assistance à l’une de ces rencontres. Il voulait en apprendre davantage puisque la coopérative qui achète son lait vient de limiter la production. Jerry dispose ainsi d’un « quota » mensuel de près de 400 000 kilos. Si l’éleveur excède cette quantité, son prix, qui se situe actuellement à 16 $ US /100 lb, se verra amputé de 5 $ US/100 lb. Quelques coopératives, telles que les géants Land O’Lakes et Dairy Farmers of America, ont également adopté un système similaire.
Scepticisme
Aux États-Unis, ces nouveaux apôtres de la gestion de l’offre prêchent dans le désert, estiment certains observateurs. « Les grandes entreprises reposent sur la volatilité pour faire de l’argent. Elles ne veulent pas d’un système qui amène de la stabilité dans le marché », croit Joel Greeno, président des Family Farm Defenders, qui comptent 3 000 membres.
De son côté, la Wisconsin Farm Bureau Federation balaie la gestion de l’offre du revers de la main. La plus importante organisation d’agriculteurs de l’État regroupe 46 149 membres. « L’un des principes fondateurs de l’économie américaine est le libre-échange et l’accès aux marchés. Je doute que vous allez trouver beaucoup de producteurs qui sont d’accord pour que quelqu’un vienne leur dire comment gérer leurs propres entreprises », affirme la directrice des affaires gouvernementales, Karen Gefvert. Son organisation estime plutôt que la solution à la crise actuelle réside dans l’innovation sur le plan de l’utilisation des protéines laitières. Karen Gefvert cite l’exemple du maïs utilisé pour la production de carburant. « Avez-vous déjà entendu pareilles niaiseries? C’est ridicule! » s’emporte Jim Goodman. Il reconnaît toutefois que ces idées ont trouvé une oreille attentive auprès du gouverneur de l’État, le républicain Scott Walker.
« Il y a beaucoup d’antagonistes contre la gestion de l’offre. Pourtant, aucune autre industrie ne surproduit. Regardez les compagnies de pétrole! » – Bert Paris, producteur de lait