La Terre de chez nous

La relève bousculée

Durant les cinq années où il a été contraint à une inactivité presque totale, Jean-Guy Bouvier s’est changé les idées en restaurant quelques anciens véhicules, dont ce Plymouth coupé 1935 qu’il possède toujours. « C’est ça qui m’a sauvé, je crois. Ça me r

- B.L.

Autant chez les Bouvier, les Brullhardt que les Lalonde, la maladie a eu pour effet d’accélérer la passation des pouvoirs, mais surtout, de resserrer les liens familiaux.

Jean-Guy Bouvier est catégoriqu­e : « Si mon fils Marco n’avait pas été là, c’est sûr que j’aurais été obligé de vendre les animaux. » Avec le recul, il constate que la pneumonie sévère qu’il a contractée, qui s’est soldée par de l’asthme chronique, a bousculé les plans de chacun. « Si ça n’avait été que de moi, j’aurais repoussé la transition de 10 ans », confie-t-il. Néanmoins, il est heureux de pouvoir aujourd’hui pratiquer le métier qu’il aime le plus au monde grâce aux membres de sa famille qui ont apporté des ajustement­s pour respecter sa condition physique.

Chez les Brullhardt, le fils aîné Ralph venait d’être accrédité classifica­teur Holstein lorsqu’il a appris que sa mère Patricia allait entreprend­re la bataille de sa vie. Le jeune homme avait même reçu une offre d’emploi qui l’attendait dans les semaines suivantes. « Ça lui a pris 10 minutes pour prendre sa décision », se rappelle avec émotion Patricia Brullhardt. À l’époque, les frères de Ralph étaient encore aux études et une décision négative de ce dernier aurait certes mis en péril l’avenir de l’exploitati­on familiale. « Mon mari Bernard travaillai­t déjà 16 heures par jour. Il ne pouvait en donner plus », poursuit-elle.

« Quand les amis classifica­teurs de mon fils venaient chez nous, ils lui disaient : “On n’a plus notre collègue, mais tu as pris la bonne décision. Tu ne sais pas la chance que tu as d’avoir une ferme.” Ça l’a conforté dans son choix, même si ce n’est pas nécessaire­ment facile. »

Du côté des Lalonde, l’agricultur­e a toujours coulé dans les veines de Ghislain et c’est tout naturellem­ent qu’il se destinait à poursuivre le travail initié par son grand-père Rhéal et son père Normand. Même la maladie profession­nelle de celui-ci n’a jamais refroidi ses ardeurs et à 42 ans aujourd’hui, il signait récemment les derniers papiers officialis­ant le transfert de la ferme. Et la 4e génération se pointe déjà le bout du nez alors que Marika, la fille de Chantal, soeur de Ghislain, amorcera en septembre prochain sa formation en techniques agricoles au campus d’Alfred du collège La Cité, en Ontario.

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