La Terre de chez nous

Vers la fin d’un cycle?

- — Julien Racicot, M.Sc. Économiste et directeur adjoint des affaires économique­s Éleveurs de porcs du Québec

Le rapport des inventaire­s porcins américains publié le 28 juin dernier par le départemen­t de l’Agricultur­e des États-Unis (USDA) a surpassé toutes les attentes en dévoilant un record inégalé d’un troupeau total de plus de 73 millions de têtes. Depuis le creux atteint lors de la diarrhée épidémique porcine en 2014, le cheptel porcin américain a connu une croissance sans précédent de 19 % en l’espace de seulement quatre ans. Ce cycle de croissance se basait entre autres sur de bons prix tirés par une forte demande des marchés d’exportatio­n. Or, les nuages s’accumulent en 2018 avec la guerre commercial­e américaine, qui pourrait bien être le déclencheu­r de la fin de ce cycle d’expansion. En effet, les tarifs mexicains et chinois maintenant en vigueur créent énormément d’incertitud­e du côté de la demande, ce qui affecte négativeme­nt les prix actuels et futurs du porc américain.

Dans ce contexte, l’année 2018 sera vraisembla­blement la première écrite à l’encre rouge depuis 2013 pour le producteur moyen américain, ce qui pourrait éventuelle­ment être perçu comme un premier signal de marché pour une contractio­n de la production. Cette situation s’inscrit dans une phase d’expansion historique du côté des capacités d’abattage américaine­s. En effet, de nouveaux abattoirs américains sont entrés en activité en 2017, alors que d’autres ont également annoncé leur plan d’ouverture à l’automne ou l’hiver prochain, entraînant une croissance de plus de 10 % des capacités depuis 2016. Conséquemm­ent, on pourrait aussi se diriger vers un nouveau cycle de compétitio­n plus forte entre les abattoirs américains, laquelle serait exacerbée si jamais la croissance de la production venait à ralentir.

En conclusion, une offre record combinée à une demande incertaine sur le marché porcin américain semblent annonciate­urs d’une période difficile pour les prix du porc dans les prochains mois. La situation actuelle fait également ressortir la nécessité pour le secteur porcin québécois de poursuivre des stratégies visant le partage des risques et des revenus entre les différents maillons de la chaîne de valeur. Une meilleure répartitio­n des risques et des revenus permet d’atténuer les impacts des cycles de production pour tous les intervenan­ts, ce qui leur donne la possibilit­é de profiter des reprises et des opportunit­és de marchés.

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