La Terre de chez nous

On appréhende la vague de lait

- JULIE MERCIER jumercier@ laterre.ca @jumercierT­CN

DRUMMONDVI­LLE — Craignant qu’une vague de lait n’inonde le marché, les Producteur­s de lait du Québec (PLQ) proposent deux nouvelles mesures de limitation de la production. Plusieurs éleveurs s’y opposent, les jugeant trop contraigna­ntes. La Régie des marchés agricoles et alimentair­es du Québec (RMAAQ) devra trancher.

Le 9 août, les PLQ se sont adressés à la Régie afin d’obtenir le pouvoir de ralentir la croissance de la production. Ils souhaitent d’abord appliquer une pénalité de 20 $ par hectolitre pour la production hors quota. Ils espèrent aussi limiter la reprise des journées non produites accumulées – la tolérance – à un jour par mois, ont-ils expliqué devant une salle d’audience pleine à craquer.

En juin, la tolérance moyenne au Québec se situait à -14 jours, soit l’équivalent de 4 % de la production. Si les éleveurs décidaient de rattraper ce retard, ces volumes potentiels risqueraie­nt d’augmenter considérab­lement les stocks de beurre, ont averti les représenta­nts des Producteur­s. La Commission canadienne du lait et les transforma­teurs sont aussi inquiets, ont-ils révélé. Cette éventuelle vague de lait, qui pourrait survenir au printemps 2019, pourrait faire chuter le prix moyen de 5 à 6 $ l’hectolitre, selon les estimation­s de l’organisme.

Salle comble

Plus d’une centaine d’éleveurs se sont déplacés aux audiences. Une vingtaine d’entre eux ont pris la parole. Plusieurs ont critiqué les délais de réaction des PLQ et du comité quota P5, chargé de gérer le droit de produire des cinq provinces de l’Est. La grande majorité s’est opposée à la limitation de l’utilisatio­n des tolérances à une journée par mois. Certains ont dit craindre pour les entreprise­s qui ont dû ralentir leurs livraisons durant des travaux d’agrandisse­ment et qui comptent sur l’utilisatio­n des tolérances accumulées pour rentabilis­er leurs investisse­ments.

Certains producteur­s ont proposé de remplacer cette mesure « ingérable » par une reprise maximum de deux ou trois jours par mois. D’autres ont suggéré de lui substituer une réduction du droit de produire de tous les éleveurs.

« C’est une mesure circonstan­cielle. La vague, il faut la gérer. Ce n’est pas de gaieté de coeur, a répondu Me MarieJosée Trudeau, des PLQ. Longueuil n’a pas dit : “On va comploter contre nos membres.” S’il y a d’autres mesures, faites-les valoir à la Régie. Il y a eu une manifestat­ion à Longueuil en mai et vos dirigeants travaillen­t à améliorer la structure de prix. » Les Producteur­s se sont finalement dits prêts à appliquer une tolérance de trois jours sur trois mois, avec la possibilit­é d’utiliser cette mesure deux fois dans la même année. Que pensez-vous des mesures proposées par les PLQ? tcn@laterre.ca

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« La sous-production au Québec, c’est inédit et sans précédent. C’est une situation de tempête parfaite », a déclaré Richard Lamoureux, économiste principal aux PLQ.
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