La Terre de chez nous

La passion du cueilleur de chicoutai

- ROSALIE DION rdion@ laterre.ca Les premiers cueilleurs de la chicoutai étaient les Innus, qui l’ont nommée shekuteu, qui signifie feu en montagnais.

C’est à Rivière-au-Tonnerre, une municipali­té de deux villages avec une population totale de 279 habitants, que le passionné Bruno Duguay a mis sur pied la Maison de la Chicoutai, un lieu pour promouvoir ce petit fruit emblématiq­ue de la Basse-Côte-Nord.

Plaquebièr­e, ronce des tourbières, ronce petit-mûrier ou encore, plus communémen­t au Québec, chicoutai : telles sont les appellatio­ns d’un petit fruit qui pousse lentement mais abondammen­t dans les grandes forêts québécoise­s. Chaque plant ne produit qu’un seul fruit légèrement plus gros qu’une framboise; sa cueillette représente donc un exercice ardu et sa commercial­isation s’avère particuliè­rement coûteuse.

Une histoire de passion

Depuis son enfance, Bruno Duguay déguste le fruit autrefois préparé sous forme de confiture par ses parents. À présent, des bières, des tisanes et autres produits dérivés remplissen­t les tablettes de son commerce, une façon de le réinventer. « En ce moment, on est en plein rush, explique le propriétai­re. La récolte commence à la fin juillet et dure une semaine. Ensuite, le fruit peut être congelé environ trois jours. » En si peu de temps, suffisamme­nt de fruits doivent être cueillis pour assurer la production de tous ces produits dérivés, une vraie course contre la montre. « Un seul fruit pousse par plant, et une confiture, par exemple, prend beaucoup de fruits, continue-t-il. C’est vraiment un défi à cultiver. » Pour ce qui est du goût, le passionné soutient qu’il ne peut pas l’expliquer « tant que vous n’aurez pas goûté vous-même ».

Problèmes sexuels

Selon une étude menée à l’Université Laval en 2003, « la chicoutai, une plante de tourbière, manquerait d’énergie pour se reproduire sexuelleme­nt ». La professeur­e Line Lapointe et l’étudiantec­hercheure Rachel Gauci en sont arrivées à cette conclusion à la suite d’une série d’expérience­s sur le fruit. Sa très faible production s’expliquera­it par « d’insuffisan­tes réserves nutritives ». En effet, 75 % des plantes avortent en raison du manque d’éléments minéraux dans la tourbière. En outre, le plant ne dispose pas de réserves suffisante­s pour assurer ses propres besoins ainsi que ceux engendrés par la production de fruit. Rachel Gauci a d’ailleurs consacré sa thèse de doctorat à cette question.

La période de récolte de la chicoutai est très courte et comme celle-ci pousse dans les tourbières, elle offre un faible rendement.

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 ??  ?? Bruno Duguay a mis sur pied la Maison de la Chicoutai. Il mange des mets préparés avec ce petit fruit du « plus loin qu’il se souvienne ».
Bruno Duguay a mis sur pied la Maison de la Chicoutai. Il mange des mets préparés avec ce petit fruit du « plus loin qu’il se souvienne ».

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