Prévenir la toxémie de gestation par l’alimentation
Durant la dernière décennie, le nombre de femelles pur-sang prolifiques évaluées dans le cadre du programme canadien génétique des ovins (GenOvis) a augmenté de plus de 245 %, et ce, seulement au Québec. La réalité économique impose désormais cette productivité. On doit produire des kilogrammes! Toutefois, cette hausse de prolificité ne se fait pas toujours sans heurts. Certains ajustements sont nécessaires afin d’éviter des problèmes qui risqueraient de faire perdre beaucoup plus que ces kilos qu’on espérait gagner! Qu’est-ce que la toxémie de gestation?
En fin de gestation, les femelles prolifiques sont particulièrement sensibles à une mauvaise régie d’élevage. La toxémie de gestation est l’un des problèmes métaboliques les plus souvent rencontrés. Similaire à l’acétonémie chez le bovin laitier, cette maladie survient avant la mise bas chez les ovins, ce qui multiplie les pertes.
Les femelles multipares prolifiques ou présentant un état de chair non souhaitable (trop grasses ou trop maigres) sont les plus à risque. La toxémie surviendra généralement dans les deux à six semaines avant l’agnelage. Sans traitements curatifs rapides recommandés par un vétérinaire, les femelles atteintes sont condamnées, de même que leur future progéniture. Les femelles traitées qui réussissent à se rendre à terme démarrent quant à elles bien mal leur lactation (moins de colostrum et de lait, mortalité néonatale plus élevée…). Les pertes peuvent ainsi être très importantes.
Comment la toxémie se développe-t-elle?
La toxémie est généralement causée par un déficit énergétique. En fin de gestation, la capacité de consomma- tion étant limitée par le volume utérin, les femelles doivent puiser dans leurs réserves lipidiques. La mobilisation des graisses surcharge le foie et contribue à l’augmentation de corps cétoniques (BHB) dans la circulation sanguine. Les BHB ont un effet toxique et leur accumulation est majoritairement responsable de l’apparition des signes cliniques.
La clé de la prévention
Une bonne régie alimentaire est la clé de la prévention. Une ration de transition doit être servie dès la 6e semaine précédant les agnelages. Non seulement cette ration doit-elle satisfaire les besoins en énergie des femelles (selon le poids et la prolificité attendue), mais il est essentiel de l’ajus- ter régulièrement en fonction de la consommation réelle des animaux. Si la consommation de fourrages est en deçà des prévisions, il faudra hausser le niveau d’énergie, sans quoi les femelles seront en déficit énergétique, et ce, même si la ration semble parfaite en théorie.
Attention aux ensilages butyreux !
Les ensilages mal fermentés, soit riches en acides butyriques, peuvent aussi causer la maladie, et leur responsabilité est fortement sous-estimée. En effet, à la suite de la consommation de ces ensilages, une proportion importante de l’acide butyrique sera convertie directement en BHB, ce qui peut mener à l’apparition de signes cliniques. Il faut donc à tout prix les éviter.