La Terre de chez nous

Les États-Unis lèvent les tarifs sur le papier surcalandr­é

- THIERRY LARIVIÈRE tlariviere@laterre.ca

Il s’agit du premier règlement d’un conflit commercial depuis l’arrivée au pouvoir du président Trump. Les ÉtatsUnis ont levé leurs tarifs de l’ordre de 20 % sur le papier surcalandr­é canadien qui sert aux publicités et aux magazines.

Cette décision de juillet dernier est survenue peu après qu’un panel de l’Organisati­on mondiale du commerce (OMC) eut donné tort aux États-Unis dans ce dossier. Il faut dire aussi que la plainte à l’origine de ces tarifs avait déjà été retirée par le plaignant et que ce conflit commercial pouvait donc se régler rapidement. Il subsistait néanmoins un doute puisque l’administra­tion Trump ne suit pas la logique habituelle dans les dossiers de commerce internatio­nal.

En contravent­ion

Le tribunal de règlement des différends de l’OMC était parvenu à la même conclusion que celui de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) l’an dernier, à savoir que les États-Unis contrevena­ient à plusieurs de leurs obligation­s internatio­nales en matière de commerce. Le panel de l’OMC recommanda­it donc à notre voisin du Sud de mettre fin à ses tarifs en vigueur depuis 2015. Ceux-ci s’élevaient à 17,87 % pour Résolu, à 20,18 % pour Port Hawkesbury Paper, de la Nouvelle-Écosse, et à 18,85 % pour Irving et Catalyst, de la Colombie-Britanniqu­e.

Washington estimait au départ que les producteur­s canadiens de ce papier bénéficiai­ent d’une subvention déloyale sous forme de tarifs d’électricit­é avantageux. L’OMC lui a donné tort.

Levée des tarifs

« Cette plainte était injustifié­e et insensée. L’OMC nous donne raison », a commenté Karl Blackburn, porte-parole de Résolu, peu avant la décision américaine. Ce dernier a rappelé que la plainte de l’entreprise Verso avait été retirée moyennant un paiement de 42 M$ de deux producteur­s canadiens (Irving et Hawkesbury). L’autre plaignante américaine, Madison, n’est plus en affaires. « La raison derrière les tarifs ne devrait plus tenir », estimait alors Karl Blackburn, qui ne s’était pas trompé. Résolu devrait donc récupérer quelque 60 M$ de droits payés sur ce type de papier depuis 2015. Les travailleu­rs des usines de Kénogami et de Dolbeau pourront pousser un soupir de soulagemen­t.

Papier journal

Quant au conflit commercial sur le papier journal, son règlement pourrait prendre encore plusieurs mois. Karl Blackburn, de Résolu, n’est pas particuliè­rement optimiste, même si une large coalition de journaux américains appuie les producteur­s de papier canadiens. La plainte de la compagnie Norpac est maintenue et il n’y a pas encore de décision des tribunaux internatio­naux de commerce (OMC, ALENA). « C’est un nonsens », a lancé Karl Blackburn, qui estime que plusieurs milliers d’emplois sont en jeu aux États-Unis, notamment dans les journaux régionaux, qui peinent à payer le papier plus cher dans un contexte d’accapareme­nt des revenus publicitai­res par les géants du Web.

Le 2 août dernier, les États-Unis ont néanmoins abaissé leurs tarifs imposés aux différents producteur­s canadiens. Résolu, par exemple, doit toujours payer des droits compensate­urs de 9,81 %, mais est désormais exemptée de droits antidumpin­g.

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Les tarifs américains sur le papier surcalandr­é canadien (magazines, publicités) ont été levés.

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