Saputo menace de se retirer
À compter du 1er janvier prochain, le plus gros acheteur de lait de chèvre au Québec, Saputo, compte cesser de s’approvisionner dans la province.
Le transformateur achète quatre des dix millions de litres de lait de chèvre produit au Québec. « Cette décision a été prise parce que nous avons été incapables de régler plusieurs éléments d’une entente d’approvisionnement qui sont essentiels à Saputo, notamment le traitement de problèmes liés à la qualité inférieure aux normes du lait, au bien-être des animaux et aux exigences en matière d’assurance responsabilité », a confirmé à La Terre le porteparole de l’entreprise. Cette dernière compte se tourner vers ses fournisseurs de lait de l’Ontario. Selon la productrice Maude Caron, près de la moitié de la cinquantaine d’éleveurs de la province livre à l’usine de Saputo à Saint-Raymond-de-Portneuf. Ceux de l’Est-du-Québec sont particulièrement concernés.
Cette nouvelle a été accueillie avec surprise par les Producteurs de lait de chèvre du Québec (PLCQ), qui négociaient depuis le début de l’année une convention de mise en marché avec les différents acheteurs, dont Saputo. Le 4 mai dernier, les parties avaient conclu une entente de principe conditionnelle à l’approbation des hauts dirigeants des compagnies de transformation. Finalement, le 16 août, Saputo a fait volte-face en annonçant qu’elle mettra fin aux contrats des producteurs québécois de lait de chèvre à compter du 1er janvier, principalement en raison de la qualité du lait et de la question du bien-être animal.
Deux points
Le président des PLCQ, Christian Dubé, assure que son organisation travaille à améliorer la qualité. « Ça nous préoccupe depuis longtemps. Nous avons entrepris plusieurs actions qui vont porter fruit à plus long terme », explique le dirigeant. Le syndicat planche sur un projet de règlement sur la qualité et compte le présenter à ses membres cet automne. « Il y a un problème de qualité au Québec ( NDLR : ce qui peut compliquer le processus de transformation ) et c’est le temps qu’il se règle, sauf que ça ne concerne pas seulement les producteurs, mais les transporteurs et les usines aussi », note pour sa part Maude Caron.
Concernant le bien-être animal, les PLCQ souhaitaient attendre de voir l’orientation prise par leurs confrères producteurs de lait de vache avant d’inclure dans leur convention des règles encadrant le bien-être. « Nous ne voulions pas créer de précédent dans la chèvre, mais ça peut se régler », assure M. Dubé. « On travaille fort pour ramener Saputo à la table de négociation. On ne panique pas », conclut le président.
Saputo achète près de la moitié de tout le lait de chèvre produit dans la province