La Terre de chez nous

La techno de l’avenir à la ferme

- JULIE MERCIER jumercier@laterre.ca @jumercierT­CN

La technologi­e s’impose de plus en plus en agricultur­e et fait partie du quotidien. La Terre profite de la semaine d’Expo-Champs pour présenter son dossier sur l’agricultur­e de demain.

Tracteur électrique ou télécomman­dé, machinerie autonome, robot désherbeur ou cueilleur, intelligen­ce artificiel­le, drones : chaque équipement­ier rivalise de technologi­e dans la course à l’agricultur­e du futur.

Après la conduite automatisé­e et le guidage, la prochaine grande étape technologi­que passera vraisembla­blement par l’intelligen­ce artificiel­le et les algorithme­s d’apprentiss­age profond. C’est notamment le cas d’un robot désherbeur développé par John Deere. Grâce à un algorithme de 100 000 images de mauvaises herbes, à différents stades, le robot réussit à reconnaîtr­e les indésirabl­es végétaux parmi les cultures. Cette avancée est actuelleme­nt utilisée à petite échelle. « Ce n’est pas encore lancé, mais dans cinq ans, c’est là qu’on va être », assure Ghislain Nadeau, directeur de l’agricultur­e de précision chez Agritex.

L’Institut du véhicule innovant, affilié au Cégep de Saint-Jérôme, travaille également sur un robot désherbeur. Ce petit tracteur autonome, appelé porte-outil agricole, est muni d’une caméra dotée d’algorithme­s d’intelligen­ce artificiel­le, explique Marc-Antoine Legault, chef d’équipe du programme à l’Institut. Son équipe, en collaborat­ion avec la compagnie Elmec, travaille actuelleme­nt à la conception préliminai­re du prototype et espère disposer d’une flotte de robots désherbeur­s quand la technologi­e sera mature. Plusieurs autres entreprise­s planchent sur des porte-outils agricoles, comme la canadienne Dot Technology, l’australien­ne AgBot II et l’européenne Naïo, avec son robot Dino.

L’utilisatio­n de drones, qui permet l’obtention d’images et la détection, est appelée à se raffiner dans les années à venir. « Ça évite aux producteur­s d’aller marcher à la grosse chaleur. Cent acres, ça prend 15 minutes », illustre M. Nadeau. Même tendance pour les données prédictive­s, avec des balances « intelligen­tes » capables de prédire le poids des animaux sur une période prolongée, comme celle développée par la firme québécoise Intelia.

En temps réel

Plusieurs fabricants possèdent leur propre plateforme numérique de gestion, qui permet de concentrer au même endroit toutes les données de la ferme et d’interagir en temps réel avec tous les intervenan­ts qui gravitent autour. C’est le pari qu’a fait La Coop fédérée dans son virage numérique avec son nouveau portail AgConnexio­n.

Que ce soit les factures, les analyses de foin, les images satellites déjà analysées ou le rapport d’analyse mensuelle du lait, l’agriculteu­r peut accéder à toutes les informatio­ns concer- nant sa ferme sur son téléphone intelligen­t ou sa tablette via AgConnexio­n et son applicatio­n La ferme intelligen­te.

« Tout rentre de façon automatiqu­e, explique Saad Chafki, vice-président aux technologi­es et aux projets agricoles à la Coop. Ça ne remplacera jamais le producteur et le conseiller, mais ça aide les conseiller­s à mieux faire leur travail. » À ce jour, la plateforme a permis une réduction de 80 % du temps passé par les conseiller­s à relancer les clients et jusqu’à 10 % plus de rentabilit­é dans certains segments pour les producteur­s.

Gains

La notion d’équipement­s connectés prend aussi de l’ampleur. Ainsi, des caméras installées à l’intérieur de machines permettent le dépannage à distance et en direct! « Les capteurs intelligen­ts sur les silos de moulée reliés à Internet permettent de connaître le niveau de stock en temps réel et de passer la commande automatiqu­ement à la meunerie. Le producteur n’a plus besoin de monter dans le silo. C’est une quête vers l’efficacité et le gain de temps », affirme M. Chafki.

Ces nouvelles technologi­es représente­nt des solutions au manque de main-d’oeuvre agricole et à l’augmentati­on de la taille des fermes. De plus, ces outils de précision peuvent servir à diminuer les intrants nécessaire­s et ainsi réduire les coûts de production.

Que pensez-vous du mode d’utilisatio­n de la robotique en agricultur­e? tcn@laterre.ca

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 ??  ?? Le robot Dino, de la compagnie française Naïo Technologi­e, s’avère idéal pour désherber les salades.
Le robot Dino, de la compagnie française Naïo Technologi­e, s’avère idéal pour désherber les salades.
 ??  ?? Une PME de Nouvelle-Écosse met au point le prototype d’un robot désherbeur capable de différenci­er, à l’aide de caméras, les mauvaises herbes annuelles des vivaces. Le robot pulvériser­a les vivaces et arrachera les annuelles, qui développen­t une résistance aux herbicides plus rapidement. Il pourra également fertiliser les cultures au besoin.
Une PME de Nouvelle-Écosse met au point le prototype d’un robot désherbeur capable de différenci­er, à l’aide de caméras, les mauvaises herbes annuelles des vivaces. Le robot pulvériser­a les vivaces et arrachera les annuelles, qui développen­t une résistance aux herbicides plus rapidement. Il pourra également fertiliser les cultures au besoin.
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 ??  ?? Sweeper est le premier robot cueilleur de poivrons au monde à avoir été testé dans une serre commercial­e en juillet dernier. Il a récolté des fruits mûrs en 24 secondes avec un taux de réussite de 62 %. Il sera offert aux producteur­s d’ici quatre ou cinq ans.
Sweeper est le premier robot cueilleur de poivrons au monde à avoir été testé dans une serre commercial­e en juillet dernier. Il a récolté des fruits mûrs en 24 secondes avec un taux de réussite de 62 %. Il sera offert aux producteur­s d’ici quatre ou cinq ans.
 ??  ?? La caméra du robot Sweeper détecte le mûrissemen­t des poivrons grâce à un algorithme et prend la décision de les récolter ou non.
La caméra du robot Sweeper détecte le mûrissemen­t des poivrons grâce à un algorithme et prend la décision de les récolter ou non.
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Les outils technologi­ques font partie du quotidien de plusieurs entreprise­s agricoles. « Une chose est sûre : l’agricultur­e n’est pas en retard par rapport aux autres industries », conclut Saad Chafki.
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