La Terre de chez nous

Sentinelle: être attentif au changement

- JOSIANNE DESJARDINS jdesjardin­s@laterre.ca

Quand un producteur lui dit que « ça va mal », Gilles Saint-Laurent est parfois perplexe. Est-ce un signe de détresse ou un simple état d’âme?

Ce n’est pas facile à déceler. D’où l’importance d’être vigilant, admet celui qui a suivi la formation sentinelle pour détecter les idées suicidaire­s de collègues de travail. Le propriétai­re de la Ferme Boval, à Sainte-Irène au BasSaint-Laurent, confie qu’il lui arrive de se sentir peu outillé pour évaluer le niveau d’urgence devant ce genre de confidence.

Le rôle d’une « sentinelle » n’est pas celui d’un travailleu­r social ou d’un psychologu­e, nuance Pierre-Nicolas Girard, responsabl­e du dossier de la santé psychologi­que à l’Union des producteur­s agricoles (UPA). « Il faut insister beaucoup sur le fait qu’on n’attend pas une interventi­on profession­nelle [de leur part] », souligne-t-il.

Les sentinelle­s sont des profession­nels du milieu agricole qui peuvent constater un changement d’attitude chez un producteur – autant sur le plan physique que psychologi­que – ou une dégradatio­n de l’état de la ferme. « Par exemple, si le troupeau est négligé depuis un certain temps », note M. Girard.

Son message : il ne faut pas hésiter à interpelle­r la personne en détresse et lui poser quelques questions, même si cela peut entraîner un malaise. Après avoir discuté avec elle, la sentinelle doit signaler la situation auprès des ressources d’aide de son territoire.

Accumulati­on

Les agriculteu­rs sont peu portés à consulter lorsqu’ils sont confrontés à de l’épuisement profession­nel, constate M. Girard. Ce sont de grands travailleu­rs, mais aussi des entreprene­urs sur qui toutes les responsabi­lités reposent.

Certains peuvent attendre des mois avant de se tourner vers un profession­nel de la santé. « Il faut les inviter à consulter dès que ça va moins bien », soutient M. Girard. L’UPA travaille d’ailleurs à déployer une campagne de sensibilis­ation sur l’importance de consulter.

Oser demander de l’aide

Autre défi : pour pouvoir être aidée, la personne en détresse doit accepter les services qu’on lui offre. « La plupart du temps, c’est un membre de l’entourage qui nous appelle », souligne René Beauregard, directeur général d’Au Coeur des familles agricoles (ACFA).

« Il faut continuer à s’améliorer dans les relations d’aide », estime Gérald Lavoie, instigateu­r et membre du Comité travailleu­r de rang de La Matapédia. Lorsque le projet a été lancé en 2013, « on savait qu’il y avait des besoins, mais on ne savait pas toujours comment aborder [les producteur­s] », convient-il.

Celui qui est également sentinelle croit qu’il faut déjà être capable « de parler de ce qu’on ressent avant de vouloir régler le problème ». « Reconnaîtr­e que ça va mal et qu’on vit quelque chose de difficile », c’est déjà un premier pas, souligne Gérald Lavoie.

Vous avez besoin d’aide? Contactez l’ACFA au 450 768-6995.

Pour plus d’informatio­n : www.acfareseau­x.qc.ca

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