Le Québec sous la pression de Trump
Le Québec a parlé d’une seule voix pour s’assurer qu’Ottawa ne cède pas sous la pression exercée par les tactiques de négociation du président Trump.
Qu’arriverait-il si la gestion de l’offre disparaissait? Un véritable scénario catastrophe semble se dessiner à l’horizon.
Pour la production laitière, « l’ampleur du risque est unique, car les États-Unis constituent une réelle alternative pour approvisionner le Canada avec une production 11 fois plus élevée qu’au Canada et des coûts de production jusqu’à 30 % moindres », confirme une étude du Boston Consulting Group (BCG), mandaté par la coopérative laitière Agropur. L’analyse réalisée en 2015 visait à prédire les impacts de l’abandon du système de la gestion de l’offre sur l’industrie laitière au Canada.
En cas d’ouverture totale et immédiate du marché canadien, le prix à la ferme au pays convergerait vers celui en vigueur aux États-Unis. En 2015, BCG prédisait une baisse de 24 %. Ce nouveau revenu mettrait 40 % de l’industrie laitière canadienne à risque pour des pertes nettes de 2,1 à 3,5 G$ au produit intérieur brut (PIB). À l’époque, les prix mondiaux étaient beaucoup plus fermes qu’aujourd’hui, ce qui laisse penser que les conséquences seraient encore plus catastrophiques dans le contexte actuel. Le Québec serait la province la plus affectée alors que 50 % de ses fermes et de sa production seraient menacées.
Bien que le secteur laitier semble la cible fétiche de Donald Trump, des concessions dans la gestion de l’offre auraient des conséquences pour les autres productions soumises à ce système (oeufs, poulet et dinde). Le démantèlement du régime causerait une diminution des parts de marché variant de 80 et 90 % dans les oeufs, de 40 à 70 % dans le poulet alors que l’industrie du dindon serait probablement rayée de la carte, indique une étude de la firme PwC.
Faux
Pour les défenseurs de la gestion de l’offre, le président Trump véhicule des faussetés lorsqu’il affirme que les tarifs prohibitifs du Canada bloquent les exportations américaines. Le Canada représente la 2e destination pour les produits laitiers américains et la seule à avoir connu une croissance en 2016, note le Mouvement pour la gestion de l’offre. Le Canada accorde déjà plus de 10 % de son marché laitier aux importations exemptées de tarifs, alors que les États-Unis importent environ 3 % de leurs produits laitiers. Ces importations sont d’ailleurs limitées par 24 contingents tarifaires et par des règles administratives complexes. De plus, le gouvernement américain a fréquemment recours aux mesures de sauvegarde pour protéger son marché, souligne le Mouvement.
« L’équivalent de tout le cheptel laitier canadien existe à moins de 250 km des usines canadiennes à un coût moindre. » – Analyse des impacts potentiels de la fin de la gestion de l’offre dans l’industrie laitière au Canada, The Boston Consulting Group