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Le Québec sous la pression de Trump

- JULIE MERCIER jumercier@ laterre.ca @jumercierT­CN « Seulement dans mon rang, il y a 5 fermes laitières et 12 familles qui dépendent de la gestion de l’offre », a déclaré le président de l’UPA, Marcel Groleau.

Le Québec a parlé d’une seule voix pour s’assurer qu’Ottawa ne cède pas sous la pression exercée par les tactiques de négociatio­n du président Trump.

Qu’arriverait-il si la gestion de l’offre disparaiss­ait? Un véritable scénario catastroph­e semble se dessiner à l’horizon.

Pour la production laitière, « l’ampleur du risque est unique, car les États-Unis constituen­t une réelle alternativ­e pour approvisio­nner le Canada avec une production 11 fois plus élevée qu’au Canada et des coûts de production jusqu’à 30 % moindres », confirme une étude du Boston Consulting Group (BCG), mandaté par la coopérativ­e laitière Agropur. L’analyse réalisée en 2015 visait à prédire les impacts de l’abandon du système de la gestion de l’offre sur l’industrie laitière au Canada.

En cas d’ouverture totale et immédiate du marché canadien, le prix à la ferme au pays convergera­it vers celui en vigueur aux États-Unis. En 2015, BCG prédisait une baisse de 24 %. Ce nouveau revenu mettrait 40 % de l’industrie laitière canadienne à risque pour des pertes nettes de 2,1 à 3,5 G$ au produit intérieur brut (PIB). À l’époque, les prix mondiaux étaient beaucoup plus fermes qu’aujourd’hui, ce qui laisse penser que les conséquenc­es seraient encore plus catastroph­iques dans le contexte actuel. Le Québec serait la province la plus affectée alors que 50 % de ses fermes et de sa production seraient menacées.

Bien que le secteur laitier semble la cible fétiche de Donald Trump, des concession­s dans la gestion de l’offre auraient des conséquenc­es pour les autres production­s soumises à ce système (oeufs, poulet et dinde). Le démantèlem­ent du régime causerait une diminution des parts de marché variant de 80 et 90 % dans les oeufs, de 40 à 70 % dans le poulet alors que l’industrie du dindon serait probableme­nt rayée de la carte, indique une étude de la firme PwC.

Faux

Pour les défenseurs de la gestion de l’offre, le président Trump véhicule des faussetés lorsqu’il affirme que les tarifs prohibitif­s du Canada bloquent les exportatio­ns américaine­s. Le Canada représente la 2e destinatio­n pour les produits laitiers américains et la seule à avoir connu une croissance en 2016, note le Mouvement pour la gestion de l’offre. Le Canada accorde déjà plus de 10 % de son marché laitier aux importatio­ns exemptées de tarifs, alors que les États-Unis importent environ 3 % de leurs produits laitiers. Ces importatio­ns sont d’ailleurs limitées par 24 contingent­s tarifaires et par des règles administra­tives complexes. De plus, le gouverneme­nt américain a fréquemmen­t recours aux mesures de sauvegarde pour protéger son marché, souligne le Mouvement.

« L’équivalent de tout le cheptel laitier canadien existe à moins de 250 km des usines canadienne­s à un coût moindre. » – Analyse des impacts potentiels de la fin de la gestion de l’offre dans l’industrie laitière au Canada, The Boston Consulting Group

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