La Terre de chez nous

Partir au loin pour l'agricultur­e

- ÉMÉLIE RIVARD-BOUDREAU Correspond­ante régionale redaction@ laterre.ca

Quitter le sud du Québec pour s’implanter dans une ferme en Abitibi ou au Bas-Saint-Laurent, est-ce profitable? Le projet semble irréaliste pour des producteur­s bien établis dans les régions agricoles du sud de la province. Pourtant, ces « agrimigrat­eurs » réussissen­t en général fort bien dans leur nouveau milieu.

Au nom du portefeuil­le et de l’amour, certains producteur­s ont tout quitté au sud pour vivre de leur agricultur­e en Abitibi. C’est par hasard que deux d’entre eux ont choisi le même village.

Samuel Beauregard est un producteur bovin. Il s’est installé en Abitibi en 2006 et est propriétai­re de sa ferme depuis 2007. « J’avais regardé dans le secteur de Drummondvi­lle, mais les terres étaient hors de prix pour le bovin de boucherie et l’aide financière était peu accessible », se souvient-il. Il s’est donc lancé dans le projet de prendre la relève d’une exploitati­on bien établie en région. Au fil du temps, le projet s’est transformé, mais il a quand même décidé de devenir pro- priétaire de son entreprise et de s’ancrer dans le secteur.

Souvent, la communauté agricole au sud du Québec considère qu’entreprend­re un tel projet est risqué. « Mes parents avaient de la misère avec ça. Ils trouvaient ça audacieux », confie-t-il. Pour se rassurer lui-même et dissiper les craintes de son entourage, Samuel Beauregard a donc commencé par considérer l’aventure comme temporaire. L’avenir lui aura par contre joué des tours. « Au départ, je venais pour prendre de l’expérience et revenir plus tard, mais maintenant, je ne suis pas prêt à vendre tout ça. J’ai des enfants ici et je suis dans une bonne place. »

Aujourd’hui, Samuel Beauregard possède quelque 250 têtes, 700 acres cultivable­s et loue entre 400 et 500 acres de terre. Au fil des ans, il a apporté plusieurs améliorati­ons à sa ferme et envisage même d’embaucher un employé. « Il y en a qui me disent que j’ai les plus belles terres d’Abitibi-Est », lance-t-il fièrement.

Un nouvel arrivant

À peine à quelques minutes de voiture de chez Samuel Beauregard, sur le chemin de l’Église, Maxime St-Laurent, originaire de Saint-Hyacinthe, a vécu une histoire semblable. Dans son cas, c’est la rencontre de sa conjointe et associée, Cathy Rouillard, qui l’a fait déménager. « Je l’ai rencontrée à l’Expo agricole de Saint-Félix-de-Dalquier, en Abitibi. Je travaillai­s pour La Coop Excel et c’est moi qui préparais les animaux de son père », raconte-t-il.

En 2007, il s’est donc associé avec sa douce moitié qui avait la possibilit­é de prendre la relève de la ferme laitière de son père. Pour Maxime, faute de fosse à la nouvelle exploitati­on laitière qu’il venait d’acquérir en Montérégie en 2006, l’expansion était devenue limitée. « C’était plus facilitant pour moi de m’établir en Abitibi, dit-il. En 2007, on s’est associés, on a fusionné nos deux quotas et on a acheté les vaches de mon beau-père. »

Les terres sont abordables et la communauté agricole est solidaire à Saint-Marcde-Figuery. Par contre, aucun avantage fiscal particulie­r n’est accordé pour les nouveaux propriétai­res agricoles.

« Ça vaut la peine, mais il faut être prêt et faire son choix en toute connaissan­ce de cause. Nous, ça fait 550 acres qu’on draine. » – Maxime St-Laurent

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Samuel Beauregard est parti de Drummondvi­lle pour acquérir une ferme bovine en Abitibi.
 ??  ?? Maxime St-Laurent et Cathy Rouillard viennent de construire une étable d’une valeur de 750 000 $ à Saint-Marc-de-Figuery.
Maxime St-Laurent et Cathy Rouillard viennent de construire une étable d’une valeur de 750 000 $ à Saint-Marc-de-Figuery.
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