Front commun historique pour la gestion de l’offre
C’était probablement la première fois qu’une campagne électorale québécoise était interrompue pour permettre aux quatre principaux partis de faire front commun pour la défense de la gestion de l’offre à un moment critique des négociations pour un nouvel Accord de libre-échange nord-américain (ALENA).
La conférence de presse se tenait à l’Union des producteurs agricoles (UPA) à Longueuil, le 31 août à 9 h. Les chefs du Parti libéral du Québec, du Parti québécois (PQ) et de Québec solidaire (QS) étaient présents. Le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ) était au téléphone avec l’UPA peu avant l’événement pour donner son appui à ce front commun inédit et la députée Sylvie D’Amours était sur place. Plusieurs organisations agricoles étaient représentées à l’événement de même que la CSN et la Fédération des chambres de commerce du Québec.
« Je ne déposerais pas, à l’Assemblée nationale, un texte de traité d’un nouvel ALENA qui ne reçoit pas l’assentiment des producteurs de lait et des transformateurs laitiers », a déclaré Philippe Couillard, qui a été le premier à s’exprimer. Il a ajouté que des représentants des producteurs de lait étaient « pas loin de la table » à Washington à la demande du premier ministre du Québec.
Le PQ va un peu plus loin tout en saluant la prise de position du premier ministre. « Je ne déposerai pas à l’Assemblée nationale un accord qui augmenterait les contingents de produits laitiers au-delà de ce qui est accepté dans l’accord transpacifique », a affirmé Jean-François Lisée, en ajoutant qu’il exigerait aussi d’Ottawa une compensation « pleine et entière » pour les concessions précédentes à la gestion de l’offre. Il a aussi dit vouloir protéger tous les mécanismes de la gestion de l’offre telle que la classe 7.
La représentante de la CAQ, Sylvie D’Amours, a également été ferme dans sa défense de la gestion de l’offre. « Le Québec ne souhaite pas voir son industrie agricole sacrifiée », a lancé la porte-parole de la CAQ. En conférence de presse, elle a assuré que son parti ne déposerait « jamais » à l’Assemblée nationale un accord qui contiendrait des concessions à la gestion de l’offre.
QS a aussi défendu la gestion de l’offre avec vigueur en ajoutant qu’un Québec indépendant pourrait négocier de meilleurs accords pour le Québec tant pour l’agriculture, la culture que l’environnement. « On est tannés que des éléments phares du Québec soient utilisés dans les négociations », a lancé Manon Massé. Elle a mis en garde le premier ministre Trudeau en cas de concessions sur la gestion de l’offre : « Il [Trudeau] n’a pas idée de comment le peuple québécois va être en ta… et on va s’assurer de faire connaître au peuple comment on a été vendus par le Canada. »
Marcel Groleau, président de l’UPA, a rappelé en conclusion que le premier ministre Justin Trudeau a déjà affirmé qu’il valait mieux ne pas avoir d’accord qu’un mauvais accord. « Un bon accord, ce n’est pas de concession sur la gestion de l’offre, ni sur les quotas d’importation, ni sur la classe 7 », a insisté le président de l’UPA, en ajoutant que la gestion de l’offre « était aussi importante pour le Québec que l’automobile l’est pour l’Ontario ».