La Terre de chez nous

Les États-Unis sont-ils encore un partenaire?

- MARCEL GROLEAU Président général de l'Union des producteur­s agricoles

Au moment d’écrire ces lignes, on apprenait que la négociatio­n de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) était suspendue jusqu’au mercredi 5 septembre. Cette négociatio­n menée sous la menace constante du président Trump fait peser des risques importants sur l’agricultur­e canadienne. Les États-Unis sont à la fois les champions du protection­nisme et de l’ouverture des marchés, les marchés des autres pays.

Les négociatio­ns sur l’ouverture des marchés et l’éliminatio­n des entraves au commerce sont de plus en plus difficiles à mener. Nous sommes dans une période de replis des grandes nations face à l’émigration et l’ouverture des marchés. La renégociat­ion de l’ALENA devait se faire en quelques semaines lorsque le président Trump a ouvert les hostilités. Elle dure depuis plus d’un an maintenant.

Les États-Unis ne sont plus le partenaire commercial et politique du Canada qu’ils étaient. Même si nous représento­ns le principal marché de nos voisins du Sud et même s’ils sont notre principal client, l’administra­tion Trump nous traite comme des moins que rien. Dans le cadre de l’ALENA, ils ont pris cinq semaines pour régler leurs différends avec le Mexique, et ils n’accordent au Canada que trois jours pour finaliser une entente, en menaçant comme à chaque échéance qu’ils fixent de mettre fin à l’ALENA si nous n’y arrivons pas.

Les États-Unis ont imposé des tarifs discrimina­toires sur l’acier et l’aluminium canadien pour de prétendues raisons de « sécurité nationale ». Ils imposent une surtaxe sur le bois d’oeuvre canadien et le papier journal. Ils ont imposé une taxe énorme sur les avions de Bombardier, qu’ils ont dû retirer à la suite d’une décision de la Commission internatio­nale du commerce des États-Unis.

Les États-Unis ont aussi ouvert les hostilités avec la Chine et l’Europe en imposant une série de nouveaux tarifs sur une multitude de produits. La Chine a répliqué avec ses propres tarifs, notamment sur les produits agricoles américains. Résultat : baisse du prix des céréales et de la viande. Le prix du porc en ce moment est à un niveau historique­ment bas, frôlant celui qu’obtenaient les producteur­s lorsqu’ils ont bloqué l’autoroute 20.

Nous traversons donc une période très difficile. Le Canada n’a pas le choix. Il doit tenir tête aux ÉtatsUnis et accompagne­r son secteur agricole dans cette période difficile. Les attaques américaine­s répétées à l’endroit du Canada exigent des actions fortes. On en a eu un bel exemple vendredi dernier.

Il est très rare que les partis politiques fassent une pause en pleine campagne électorale pour unir leur voix derrière une même cause. C’est pourtant ce qu’ils ont fait en participan­t à la conférence de presse organisée par l’UPA et GO5. Je remercie les chefs des quatre partis pour le message clair en appui à l’agricultur­e du Québec et à la gestion de l’offre devant les risques que fait planer sur ce secteur la renégociat­ion de l’ALENA.

Le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, a déclaré à plusieurs reprises qu’il préférait ne pas avoir d’accord de l’ALENA plutôt que de signer un mauvais accord et également que cet accord devait être bon pour tous les Canadiens. La gestion de l’offre est aussi importante pour le Québec que le secteur automobile l’est pour l’Ontario. Nous avons déjà donné dans l’entente avec l’Europe ainsi que dans celle du Partenaria­t transpacif­ique global et progressis­te. Il arrive un moment qu’assez, c’est assez.

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