La Terre de chez nous

Entre évolution et adaptation humaine

(suite du dossier La techno de l’avenir à la ferme du 29 août 2018)

- JOSIANNE DESJARDINS jdesjardin­s@ laterre.ca

Déjà sensibilis­és aux avancées technologi­ques, les étudiants fraîchemen­t sortis du baccalauré­at en agronomie de l’Université Laval devront faire face à des défis profession­nels et humains importants au champ.

Même si la relève agricole est de plus en plus formée en fonction des innovation­s, « le marché n’est peut-être pas prêt », estime Jean-Claude Dufour, doyen de la Faculté de l’agricultur­e et de l’alimentati­on à l’Université Laval. « Ce ne sont pas tous les milieux qui sont rendus là », ajoute-t-il.

C’est un défi supplément­aire, constate Daniel Lefebvre, directeur général chez Valacta. « Dans bien des secteurs, les fermes sont de plus petite taille. Les technologi­es ont un coût prohibitif [pour elles] », observe-t-il. Ce dernier prend l’exemple du processus d’interpréta­tion des données des robots de traite qui, déjà, entraîne des coûts importants pour les producteur­s laitiers.

De plus, avec la diminution du nombre total de fermes, les producteur­s auront tout intérêt à « créer des alliances pour couvrir l’ensemble de leurs besoins », estime M. Lefebvre. Les nouvelles technologi­es devraient continuer à améliorer la qualité de vie des producteur­s, « surtout s’ils travaillen­t en équipe », croit M. Dufour.

Harmoniser les pratiques

L’agricultur­e du futur risque de causer un choc des génération­s, mais aussi un chamboulem­ent dans les pratiques. « Il faut changer notre façon de penser et amener les producteur­s à travailler avec leurs conseiller­s différemme­nt. On n’a plus le choix de s’adapter », poursuit M. Dufour.

Les conseiller­s doivent déjà travailler en équipe, mais ils seront appelés à le faire davantage. Un collègue pourrait maîtriser mieux un système en particulie­r, mentionne le directeur général de Valacta. Plusieurs conseiller­s développen­t des spécialisa­tions pointues et il y a de plus en plus de sources d’informatio­n à intégrer.

Mais « ça prend des compétence­s interperso­nnelles » pour reconnaîtr­e l’expertise et la place de chacun dans ce processus ultramoder­ne, reconnaît M. Lefebvre.

« Maintenant, quand on veut faire de la collaborat­ion, c’est plus facile de partager un dossier client. Mais ça demande quand même une ouverture et de la volonté », conclut-il.

« Le jour où on pourra diriger une ferme avec un iPhone n’est pas loin. Mais on ne remplacera jamais le jugement de l’humain. On va plutôt lui faciliter la tâche. » – Jean-Claude Dufour

 ??  ?? Le travail d’équipe entre les divers conseiller­s et le producteur est la clé pour faire face à l’agricultur­e du futur, fait valoir Daniel Lefebvre, de Valacta.
Le travail d’équipe entre les divers conseiller­s et le producteur est la clé pour faire face à l’agricultur­e du futur, fait valoir Daniel Lefebvre, de Valacta.
 ??  ?? Jean-Claude Dufour est doyen de la Faculté des sciences de l’agricultur­e et de l’alimentati­on de l’Université Laval.
Jean-Claude Dufour est doyen de la Faculté des sciences de l’agricultur­e et de l’alimentati­on de l’Université Laval.

Newspapers in French

Newspapers from Canada