La Terre de chez nous

40e anniversai­re de la LPTAA : nourrir le Québec hier, aujourd’hui et demain

- MARCEL GROLEAU Président général de l'Union des producteur­s agricoles

Le 9 novembre 2018 marquera les 40 ans d’existence de la Loi sur la protection du territoire agricole, devenue par la suite Loi sur la protection du territoire et des activités agricoles (LPTAA).

Cette législatio­n a été adoptée en réponse à l’effervesce­nce économique des années 60 et 70. À cette époque, l’importante migration vers les agglomérat­ions urbaines et leurs banlieues favorise une nette augmentati­on des pratiques spéculativ­es ainsi qu’un développem­ent anarchique et débridé du territoire. Résultat dans la région métropolit­aine de Montréal : plus de 20 000 hectares de sols à haut potentiel pour l’agricultur­e sont sacrifiés à l’urbanisati­on entre 1964 et 1975.

Dès le début des années 70, l’UPA et d’autres organisati­ons de la société civile sonnent l’alarme et dénoncent la perte accélérée de terres de haute qualité au profit de l’urbanisati­on. En 1978, le gouverneme­nt de René Lévesque profite d’un climat politique favorable pour aller de l’avant et légiférer. La LPTAA devient à ce moment la pierre d’assise sur laquelle s’appuie le Québec pour veiller à la protection de son garde-manger.

Quarante ans plus tard, la LPTAA continue de protéger les quelque 6 millions d’hectares réservés à la pratique de l’agricultur­e et de favoriser, dans une perspectiv­e de développem­ent durable, la protection du territoire et le développem­ent des activités et des entreprise­s agricoles. Elle est aussi confrontée à de nombreux défis. Même si elle ne représente que 2 % du territoire québécois, la zone agricole est constammen­t grappillée par l’étalement urbain. Des assoupliss­ements à la Loi continuent d’être réclamés, plus particuliè­rement dans le milieu municipal. Comme le déplorait récemment le maire de Saint-Jeansur-Richelieu, Alain Laplante, trop de municipali­tés en quête de nouveaux revenus adoptent la solution la plus « facile » et se développen­t au détri- ment de l’environnem­ent, des milieux naturels, de la zone agricole et des génération­s futures.

L’accapareme­nt des terres agricoles par les secteurs immobilier et de la haute finance est un phénomène qui prend de l’ampleur. La protection d’espaces naturels en terres privées, la cohabitati­on des différents usages en zone verte et même les changement­s climatique­s soulèvent plusieurs questionne­ments. Ces dernières années, plusieurs décrets et projets gouverneme­ntaux se sont aussi attaqués durement à la zone agricole. Le gouverneme­nt du Québec doit défendre de façon beaucoup plus vigoureuse la LPTAA et, dans certains cas, cesser de faire lui-même partie du problème.

Heureuseme­nt, la LPTAA fait l’objet d’un très large consensus dans la population. Elle compte également plusieurs alliés. Des organisati­ons de la société civile se joignent régulièrem­ent à nous pour dénoncer les pressions incessante­s sur la zone agricole. Au sein de l’Alliance Ariane, l’UPA et l’Associatio­n des aménagiste­s régionaux du Québec, l’Ordre des architecte­s du Québec, l’Ordre des urbanistes du Québec, le Regroupeme­nt national des conseils régionaux de l’environnem­ent du Québec, la Fondation David Suzuki, Héritage Montréal, Vivre en Ville et Action patrimoine militent activement pour que l’aménagemen­t du territoire et l’urbanisme soient une priorité au Québec.

La LPTAA est une législatio­n qui a évolué et qui, surtout, s’est adaptée aux particular­ités géographiq­ues et socioécono­miques des régions. Les demandes à portée collective (article 59), qui permettent une planificat­ion d’ensemble et à long terme de la fonction résidentie­lle en zone agricole, et les plans de développem­ent de la zone agricole (PDZA) en sont des exemples éloquents. L’UPA collabore activement à plus de 60 PDZA à travers le Québec dont près de 20 sont en phase de mise en oeuvre.

Le 9 novembre prochain à Montréal, en compagnie d’Errol Duchaine ( La

semaine verte 2002-2013) et de quatre panélistes d’expertises et d’horizons variés, j’aurai l’occasion d’alimenter la réflexion et d’échanger sur tous ces enjeux. J’espère que vous serez nombreux à vous inscrire pour la diffusion de ce panel sur notre plateforme de webinaires U+ ( uplus.upa.

qc.ca/webinaires). Bienvenue à tous et toutes!

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