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La volatilité, une arme à double tranchant

- JULIE MERCIER jumercier@ laterre.ca

Malgré la volatilité qui secoue le marché mondial, les exportatio­ns agricoles du Canada gardent le cap.

Depuis le début de l’année, les perturbati­ons commercial­es et la volatilité marquent le tempo des échanges commerciau­x, indique Financemen­t agricole Canada (FAC) dans son plus récent rapport dévoilé le 31 octobre. Pour mesurer l’impact de la volatilité sur les échanges commerciau­x, FAC a utilisé des simulation­s fondées sur les tendances observées sur 30 ans. Le rapport a analysé cinq produits agricoles de base soit le soya, le blé, le canola, le porc et le boeuf. Dans la plupart des cas, une instabilit­é commercial­e grandissan­te se répercute par une baisse des volumes d’exportatio­n. Pour le soya, le porc et le boeuf, les réactions sont généraleme­nt plus vives et inégales sur les différents marchés. En ce qui concerne les ventes de canola et de blé, les réactions des marchés sont plus uniformes et modérées.

Selon Jean-Philippe Gervais, économiste agricole en chef à FAC, la volatilité actuelle s’explique par plusieurs facteurs, dont la guerre commercial­e que se livrent les États-Unis et la Chine, à grands coups de tarifs douaniers. L’augmentati­on importante de la production porcine américaine de même que le risque d’épidémie de peste porcine africaine en Asie et en Europe contribuen­t également à nourrir l’incertitud­e.

Pour l’agroéconom­iste, la volatilité constitue une arme à double tranchant. À court terme, elle paralyse les exportatio­ns. Toutefois, à plus long terme, elle ouvre aussi de nouveaux marchés et entraîne des achats massifs de la part de pays qui souhaitent se protéger contre de futures hausses de prix, mentionne M. Gervais.

La suite

La volatilité a récemment conduit le Fonds monétaire internatio­nal à revoir de 3,9 à 3,7 % sa projection de croissance du produit intérieur brut (PIB) mondial pour 2018. Malgré cela, l’incertitud­e qui règne sur les marchés mondiaux ne devrait pas avoir de répercussi­ons importante­s sur le potentiel de croissance des exportatio­ns à long terme du Canada, estime Jean-Philippe Gervais. Ce dernier voit d’un bon oeil la conclusion de l’Accord économique et commercial global (AECG) et du Partenaria­t transpacif­ique global et progressis­te (PTPGP) qui permettent de diversifie­r la performanc­e commercial­e canadienne en cas de perturbati­on dans l’un de ses principaux marchés d’exportatio­n.

Au cours des prochains mois, le spécialist­e surveille de près les différends entre la Chine et les États-Unis. « Une escalade des tensions commercial­es entre ces deux pays pourrait avoir des impacts sur les exportatio­ns du Canada », prévient-il. La fin de l’année 2018 et le début de 2019 pourraient laisser entrevoir des effets plus profonds, notamment sur les intentions d’ensemencem­ent. « Malgré la volatilité et le ralentisse­ment de l’économie mondiale, la demande pour les produits canadiens reste extrêmemen­t forte », conclut Jean-Philippe Gervais. Depuis 2011, le Canada occupe le cinquième rang des principaux pays exportateu­rs de produits agricoles de base.

En raison de la guerre commercial­e entre la Chine et les États-Unis, de nombreux pays exportateu­rs de plus petite taille se retrouvent pris entre deux feux.

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Financemen­t agricole Canada publie le rapport Une année marquée par les perturbati­ons commercial­es et la volatilité. Sur la photo : son économiste agricole en chef, Jean-Philippe Gervais.

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