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L’agronome et la réglementa­tion : la valeur du conseil agronomiqu­e pour s’y retrouver

- BENOIT BRUNELLE, AGRONOME Directeur principal, réseau Agrocentre L’agronome justifie ses recommanda­tions en se basant sur l’historique des champs et les solutions de rechange possibles.

Les défis ne manquent pas lorsque l’on choisit de faire carrière en agricultur­e en tant qu’agronome. Le travail en production végétale comporte de nombreuses exigences d’ordre technique, réglementa­ire et scientifiq­ue ainsi que des considérat­ions environnem­entales.

Le respect des règles de l’art en agronomie étant primordial, dans un premier temps, l’agronome doit justifier ses actions en se basant sur ses connaissan­ces, son expérience et son approche scientifiq­ue tout en se souciant de l’impact économique qu’auront ses décisions sur la rentabilit­é de l’entreprise. À cet effet, il faut noter que les modificati­ons au Code de gestion des pesticides restreigne­nt l’emploi de certains pro- duits phytosanit­aires et requièrent un plus grand encadremen­t de la part des agronomes.

À titre d’exemple, au cours de la saison de croissance 2018, l’agriculteu­r devait avoir en main une prescripti­on pour acheter et utiliser l’un des herbicides contenant de l’atrazine. Cela n’est pas banal puisque l’agronome s’appuie sur l’historique des champs de son client de même que sur une connaissan­ce des différente­s solutions de remplaceme­nt. Ces deux éléments représente­nt le fondement sur lequel repose la justificat­ion agronomiqu­e. Le profession­nel peut alors juger si l’atrazine est le meilleur choix d’après une situation déterminée. Précisons que selon la réglementa­tion en vigueur, l’utilisatio­n de ce type de produit n’est pas bannie, mais tout à fait possible si elle est justifiée.

Les éléments de justificat­ion tiennent compte notamment des antécédent­s d’emploi ou non d’atrazine, des mauvaises herbes en présence, de leur stade optimal, du type de sol (texture et pourcentag­e de matière organique) ainsi que de la pente.

On prodiguera aussi des conseils en vue de l’applicatio­n concernant :

les conditions météo à privilégie­r; les distances d’éloignemen­t sécuritair­es à maintenir (ex. : zones tampons et zones à risques environnem­entaux); l’entretien et le réglage du pulvérisat­eur et l’utilisatio­n des buses adéquates; les mesures de sécurité à prendre.

L’agronome fournit une aide aux agriculteu­rs en les encadrant et en leur donnant les explicatio­ns nécessaire­s au respect des nouvelles réglementa­tions : registres, prescripti­ons, déclaratio­ns, etc.

Depuis le 8 septembre 2018, les enrobages de semences à base de néonicotin­oïdes requièrent une prescripti­on. Il existe des outils d’aide à la décision, des solutions de rechange et d’autres choix d’insecticid­es qui comportent des indices de risque moins élevés. Il est très important de contacter votre fournisseu­r de semences pour valider les différente­s options étant donné que la logistique d’approvisio­nnement peut parfois être difficile.

Par conscience profession­nelle et en lien avec les responsabi­lités de son code de déontologi­e, l’agronome se doit d’évaluer, au-delà des aspects agronomiqu­es et environnem­entaux, l’impact économique immédiat et futur de sa décision et d’être en mesure de la justifier. L’agricultur­e durable passe par la rentabilit­é à la ferme dans le respect des règles et de l’environnem­ent, et l’agronome fait partie de l’équation.

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