Sans plan d’urgence, c’est la catastrophe!
La maladie débilitante chronique des cervidés menace l’élevage de 3 500 têtes de Denis Ferrer et un abattoir. Plusieurs fermes sont en quarantaine, une épidémie est appréhendée et le marché est déstabilisé.
La découverte d’un troisième cerf d’élevage atteint de la maladie débilitante chronique (MDC) des cervidés engendre déjà des répercussions graves pour l’élevage des Cerfs de Boileau, mais dans sa chute, c’est toute la filière de cerfs rouges qui pourrait être entraînée.
L’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) a confirmé à La Terre que l’ordre de destruction complet du troupeau totalisant près de 3 500 têtes s’applique et que l’éleveur devra procéder à la décontamination de ses sites d’élevage « à la satisfaction de l’ACIA ». La vente de la viande des animaux sains pourrait créer un excédent sur le marché et entraîner une baisse de prix importante pour les autres producteurs. À cela s’ajoute la fermeture probable des Viandes de la Petite Nation, une entreprise de l’Outaouais spécialisée dans l’abattage et la découpe de cerfs rouges (voir autre texte). De plus, une enquête du ministère québécois de l’Agriculture a forcé la mise en quarantaine de neuf autres fermes. Un scénario catastrophique pour ce petit secteur des grands gibiers.
« Tout ça va nous faire très mal. Ça risque de détruire l’industrie, résume l’éleveur Gaétan Lehoux, de Saint-Elzéar, en Chaudière-Appalaches. J’ai des animaux prêts à partir à l’abattoir, mais je dois les garder, car présentement, personne n’en veut. L’hiver s’en vient; le foin est rare à cause de la sécheresse. Ça va devenir rapidement difficile sur la marge de crédit. S’il n’y a pas de plan d’urgence du gouvernement, je n’irai pas loin, et je ne suis pas le seul. »
Des millions en jeu
La situation actuelle tire son origine des Laurentides où la MDC a été diagnostiquée chez trois animaux provenant de l’élevage des Cerfs de Boileau. L’ACIA a émis une ordonnance de destruction complète du troupeau accompagnée d’une déclaration de lieux contaminés le 1er octobre.
« Ça fait 25 ans qu’on travaille pour obtenir une génétique haut de gamme. Si on doit abattre toutes nos bêtes, on pourrait perdre des millions », commente Denis Ferrer, directeur des Cerfs de Boileau. Le gestionnaire espère cependant que tout son cheptel ne devra pas être abattu. « Les trois cas proviennent d’un seul parc. Il n’y a rien dans les autres parcs ni dans nos deux autres fermes. On attend d’avoir plus de résultats, mais s’il n’y a pas d’autres cas positifs, on souhaite que ces animaux [des autres parcs] ne soient pas abattus », dit-il.
Dans le cas contraire, l’élevage ne redémarrera pas. « Les femelles n’ont qu’un petit par année. On ne peut pas reprendre tout à zéro, refaire un troupeau et être encore à la merci de la maladie. C’est fini », dit M. Ferrer, qui avait l’objectif de monter à 10 000 têtes.
« La crise qu’on vit est majeure et sera lourde de conséquences. » – Gaétan Lehoux