La Terre de chez nous

Une requête historique devant la Régie

- JULIE MERCIER jumercier@ laterre.ca @jumercierT­CN

La Régie des marchés agricoles et alimentair­es du Québec (RMAAQ) a entendu la semaine dernière la requête des Éleveurs de porcs du Québec. Ceux-ci souhaitent établir un meilleur partage des revenus dans la filière. Une demande qui pourrait tracer la voie à d’autres production­s.

Les Éleveurs veulent modifier l’actuelle formule de prix des porcs afin d’y inclure une composante de la valeur de la viande ( cut out). Depuis 2015, l’écart dans les prix s’élargit au détriment des producteur­s et au bénéfice des transforma­teurs. La formule proposée par les Éleveurs donnerait la possibilit­é de mieux répartir les revenus entre les deux partenaire­s de la filière, fait valoir l’organisati­on.

Pour 2018, les prévisions parlent d’une perte de 20 à 30 $ par porc pour les producteur­s. À l’opposé, les abattoirs engrangent des profits records depuis trois ans, notent les Éleveurs de porcs. « Nous sommes à la croisée des chemins, estime le président David Duval. Si nous voulons une filière forte, qui permette aux producteur­s d’investir dans leurs fermes pour produire les cochons dont les abattoirs ont besoin, ça prend un meilleur partage des revenus. Sinon, nous ne pourrons pas continuer comme ça. »

Son organisati­on a tenté, sans succès, de convaincre les acheteurs. « Ce n’est pas vrai que tous les porcs abattus au Québec vont être produits en Ontario. Ça va imploser. » À sept millions de têtes, la production québécoise a d’ailleurs perdu un million de porcs au cours des dernières années. De leur côté, les transforma­teurs augmentent leurs activités, avec une capacité d’abattage qui atteint maintenant les neuf millions de têtes.

Tendance américaine

Les Éleveurs basent leur propositio­n sur une tendance américaine, où plus du tiers des porcs (33 %) voient déjà leur prix déterminé avec une composante de la valeur de la viande ( cut out), a révélé Glynn Tonsor, professeur au départemen­t d’économie de l’Université du Kansas, lors de l’assemblée semiannuel­le de l’organisati­on, au début du mois. « Les éleveurs ne veulent pas seulement partager les risques, mais également les revenus », a souligné à cette même occasion le président de l’Union des producteur­s agricoles (UPA), Marcel Groleau. Le dirigeant estime que les principes défendus par les Éleveurs de porcs devant la Régie sont susceptibl­es d’ouvrir la voie à d’autres production­s au Québec.

Six jours d’audiences figurent au calendrier du tribunal, entre le 20 et le 30 novembre. Le président des Éleveurs espère que les producteur­s de porcs se déplaceron­t en grand nombre. « Tous les producteur­s sont invités, qu’ils soient intégrés ou non, délégués ou non », lance David Duval.

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Aux États-Unis, plus du tiers des porcs voient déjà leur prix déterminé avec une composante de la valeur de la viande ( cut out).
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