La Terre de chez nous

Norme californie­nne : « On est dans le trouble! »

- MARTIN MÉNARD mmenard@ laterre.ca @menard.journalist­e Afin de respecter la norme californie­nne, les producteur­s devront signer une déclaratio­n sous serment attestant qu’ils peuvent démontrer que leur équipement ne contient pas de plomb.

DRUMMONDVI­LLE — À quelques mois de la première date d’échéance pour la conformité à la norme californie­nne sur le plomb, tout indique que la responsabi­lité reviendra aux acériculte­urs, qui craignent de ne pas être prêts à temps pour certifier leur équipement.

Il appert que neuf acheteurs de sirop exigent des producteur­s qu’ils signent une déclaratio­n sous serment attestant que leur équipement ne contient pas de plomb. Advenant le cas où la firme d’avocats responsabl­e de faire respecter la norme californie­nne sur la teneur en plomb intentait une poursuite contre les transforma­teurs de sirop, ces derniers veulent pouvoir revenir contre les acériculte­urs.

Le directeur de la Fédération des producteur­s acéricoles du Québec (FPAQ), Simon Trépanier, croit que la version originale de la déclaratio­n sous serment, déjà signée par certains producteur­s, est dangereuse, étant donné que les mots utilisés engagent trop leur responsabi­lité. L’organisati­on négocie actuelleme­nt avec les acheteurs un modèle de déclaratio­n assermenté­e qui protégerai­t davantage les acériculte­urs, a dévoilé M. Trépanier pendant l’assemblée semi-annuelle du 8 novembre.

Pas prêts

Les premiers visés par la norme, les producteur­s ayant plus de 20 000 entailles, ont peur de ne pouvoir démontrer leur conformité à temps pour leur récolte 2019. Des conseiller­s sont présenteme­nt en formation pour aider les acériculte­urs à se conformer, mais cette démarche arrive trop tard, selon le producteur Alan Bryson. « On est dans le trouble, affirme ce dernier. J’amorce l’entaillage dans deux mois et personne n’est venu vérifier mes installati­ons. Je ne crois pas que les conseiller­s qui reçoivent maintenant la formation puissent venir rapidement chez moi. La neige va commencer à s’accumuler, ce qui va compliquer l’évaluation, surtout que des valves, dans une érablière, il y en a partout. »

Une facture de 75 M$

L’acériculte­ur Maurice Vigneault, de Plessisvil­le, se sent coincé par cette situation. D’une part, il affirme que les équipement­iers ne veulent pas certifier la conformité des équipement­s, que ce soit ceux qu’ils ont vendus récemment ou ceux qu’ils viennent de réparer pour respecter la norme. Cela transfère ainsi toute la responsabi­lité sur le dos de l’acériculte­ur. D’autre part, il déplore que ni les acheteurs ni le gouverneme­nt n’appuient financière­ment les producteur­s dans cette démarche pourtant exigée par les acheteurs.

La FPAQ évalue que les modificati­ons associées à la norme du plomb coûteront 75 M$ aux acériculte­urs. L’ex-ministre de l’Agricultur­e du Québec, Laurent Lessard, ne s’était pas montré ouvert à leur offrir une aide financière. Quant au Conseil de l’industrie de l’érable, le président Sylvain Lalli ne croit pas que cette facture pourra être refilée aux acheteurs et aux consommate­urs.

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada