La Terre de chez nous

Des idées pour donner plus de mordant à la LPTAA

- ARIANE DESROCHERS adesrocher­s@ laterre.ca

MONTRÉAL — Et si le gouverneme­nt du Québec se donnait le droit de racheter les terres agricoles pour empêcher leur vente à des promoteurs immobilier­s? L’idée a été lancée par le président de l’Union des producteur­s agricoles (UPA), Marcel Groleau, à l’occasion du webinaire organisé le 9 novembre pour souligner le 40e anniversai­re de la Loi sur la protection du territoire et des activités agricoles (LPTAA).

La professeur­e de droit Geneviève Parent, de l’Université Laval, explique que ce droit de préemption existe déjà dans le domaine culturel. « Le gouverneme­nt peut avoir le premier droit d’acheter des édifices patrimonia­ux, de manière à les conserver. On pourrait arriver à quelque chose de similaire », suggère la titulaire de la Chaire de recherche en droit sur la diversité et la sécurité alimentair­es. Elle verrait aussi d’un bon oeil que lors de la vente d’une terre agricole, une obligation de la cultiver soit imposée.

La politique nationale d’aménagemen­t réclamée par l’Alliance Ariane, un regroupeme­nt d’organismes dont fait partie l’UPA, pourrait également aider à soutenir la LPTAA. Une telle politique aurait pour effet, notamment, de forcer l’État à montrer l’exemple en localisant ses bâtiments publics à l’intérieur du périmètre urbain. « Quand une SAQ va s’installer à l’extérieur d’un centre-ville pour aller en périphérie, ça envoie un signal [aux autres commerces] », souligne la présidente de l’Ordre des architecte­s du Québec, Nathalie Dion. Celle-ci insiste d’ailleurs sur le fait que le dézonage devrait toujours servir en dernier recours.

Appel à la prudence

Des enjeux comme l’accapareme­nt des terres et les changement­s climatique­s n’étaient pas aussi criants lorsque la LPTAA a vu le jour en 1978. La professeur­e Geneviève Parent estime donc qu’une modernisat­ion serait nécessaire pour donner de nouveaux outils à la Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ).

Ouvrir la porte à des modificati­ons comporte toutefois son lot de risques. « Il faut être vigilant parce que certains intérêts vont militer en faveur d’une dilution de la loi et il ne faut absolument pas aller là. C’est une loi qui doit conserver sa vigueur et sa force », affirme cette spécialist­e du droit de l’agroalimen­taire.

S’il plaide pour un renforceme­nt de la LPTAA autour des villes en raison de l’étalement urbain, Marcel Groleau, reconnaît que les particular­ités régionales doivent être prises en compte. « Les gens des régions ont l’impression que la loi est appliquée plus strictemen­t chez eux que dans les grands centres urbains », rapporte-t-il. Perception ou réalité? Voilà une question à laquelle M. Groleau souhaite obtenir des réponses.

 ?? La Commission de protection du territoire agricole du Québec a refusé de dézoner 181 330 ha en 40 ans d’histoire. ??
La Commission de protection du territoire agricole du Québec a refusé de dézoner 181 330 ha en 40 ans d’histoire.

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