La Terre de chez nous

Contrôle de nappes pour contrer les changement­s climatique­s

- RENÉ ROY, AGRONOME, PH. D. Assistant de recherche, Agricultur­e and Greenhouse Gaz Program, Université McGill

L’agricultur­e est constammen­t soumise à la pression de la performanc­e économique. Les producteur­s sont également conscients que la protection de l’environnem­ent, notamment la lutte contre les changement­s climatique­s, doit faire partie de leurs préoccupat­ions. Le chercheur Chandra Madramooto­o et son équipe font des recherches sur le contrôle de la nappe phréatique par le drainage souterrain pour aider les producteur­s à être plus compétitif­s tout en protégeant l’environnem­ent.

Le principe est d’empêcher l’eau de la nappe phréatique d’être évacuée pendant la période estivale. Pour y parvenir, on peut utiliser différents moyens, notamment boucher simplement la sortie du drain ou y installer un système de trop-plein qui régule la hauteur de la nappe. Les systèmes les plus complets permettent d’ajouter artificiel­lement de l’eau à la nappe phréatique à l’aide d’une pompe. Cette forme d’irrigation souterrain­e peut fournir un apport hydrique lors de périodes de sécheresse et soutenir la croissance des cultures qui, autrement, pourrait être compromise.

L’implantati­on de cette pratique exige une pente maximale de 2 %. Cette contrainte constitue une limite dans certaines régions. Il faut cependant considérer que les plaines représente­nt une part importante de la superficie des terres agricoles du Québec.

Les recherches ont démontré que l’utilisatio­n de ce type de système permet de réduire l’impact de l’agricultur­e sur l’environnem­ent. Ainsi, on a évalué que les émissions d’oxyde d’azote, un gaz responsabl­e du réchauffem­ent climatique, sont réduites de 50 %. Les émissions d’azote perdues par le système de drainage sont également diminuées de 50 %. Cette baisse des émissions d’azote augmente l’efficacité économique des fertilisan­ts et améliore la qualité de l’environnem­ent. Les avantages financiers provenant de la limitation des émissions gazeuses et du lessivage sont évalués à environ 200 $ l’hectare selon la valeur de l’azote.

Bien que le Québec soit généraleme­nt épargné par des sécheresse­s qui compromett­ent le rendement des cultures, l’été 2018 démontre que ce n’est pas toujours le cas. Les études sur le contrôle de la nappe phréatique par le drainage souterrain réalisées à SaintEmman­uel ont noté une productivi­té supplément­aire de 35 % lors d’années de sécheresse comme en 2001. Une améliorati­on moyenne de 5 % du rendement a été observée sur une période de 11 ans. L’augmentati­on de rendement provenant de l’installati­on du système peut rendre l’investisse­ment rentable très rapidement. Cette technologi­e, qui peut s’ajouter au système de drainage existant, est donc techniquem­ent et financière­ment accessible.

Nous remercions Agricultur­e et Agroalimen­taire Canada pour le financemen­t du projet et les étudiants gradués du Laboratoir­e de McGill sur l’innovation hydrique pour les mesures.

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Le contrôle de nappe phréatique s’installe à partir d’un système de drainage souterrain convention­nel et permet de réguler la hauteur de cette dernière. La nappe phréatique est alors utilisée comme une réserve d’eau pour combler les besoins hydriques des

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