La Terre de chez nous

La souffrance des familles

- J.D.

« Il y en aura toujours »

« Si on nous oblige à acheter de l’équipement à 5 000 $, il n’y a personne qui va le faire », assure Mario, le frère de Christian Labonté, mort à 52 ans des suites d’une intoxicati­on au dioxyde d’azote dans un silo en 2017. « Il y aura toujours des accidents. C’est comme pour le cellulaire au volant. Je n’arrête pas d’en voir sur la route », poursuit-il.

Lui qui a tenté en vain de secourir son frère a pris une décision radicale depuis le drame et a vendu ses 130 bovins laitiers pour se consacrer uniquement aux grandes cultures. « On n’en aura plus de gaz ici, tranche-t-il. J’ai fait une croix là-dessus. »

Entre urgence et négligence

Selon Mario Labonté, ce qui s’est produit chez son frère en 2017 et les autres victimes, « ça arrive toujours dans l’urgence ». Christian avait pénétré dans le silo, car l’ensilage s’était affaissé durant la nuit. L’extracteur ne pouvait faire le travail. « Mon frère pensait pouvoir entrer et sortir rapidement », se désole-t-il.

C’est un peu la même chose qui s’est passée chez Billy Beaudry, dont le père Alain et son employé, Anthony Lalumière, ont laissé leur vie dans la préfosse qu’ils réparaient. « Ce n’était pas de gros travaux; ça devait prendre environ cinq minutes. Les masques, on les avait déjà, mais on ne croyait pas que les gaz pouvaient s’accumuler aussi vite. Ça n’a pas été réfléchi », regrette le jeune producteur.

Faire au plus vite

La mentalité qui prévaut dans le milieu, c’est que « ce n’est pas grave tant que rien n’est arrivé », estime Marie-Josée Lamoureux, la conjointe d’Éric Belval, qui a perdu la vie en mai dernier après être tombé dans la préfosse. Le producteur aurait été intoxiqué au sulfure d’hydrogène. « Ça arrive souvent dans les moments où ils sont pressés. Ils sont tous pareils; ils veulent faire au plus vite. Ils n’ont jamais assez de 24 heures dans une journée », déplore-t-elle.

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