La Terre de chez nous

Quel prix pour les porcs?

- MYRIAM LAPLANTE EL HAÏLI mlaplante@ laterre.ca @MyriamLapl­anteE L’économiste Yves Richelle, aux audiences de la Régie des marchés agricoles à Drummondvi­lle le 22 novembre.

— Ce sont des arguments de rentabilit­é et de concurrenc­e qu’Olymel a opposés à la formule de prix proposée par les Éleveurs de porcs du Québec.

Au cours des quatre jours d’audiences à la Régie des marchés agricoles et alimentair­es du Québec (RMAAQ), la semaine dernière, les Éleveurs ont convié quatre experts pour expliquer et défendre la formule de prix introduisa­nt une composante de la valeur de la viande (cut out). Olymel a présenté son propre spécialist­e, l’économiste et professeur Yves Richelle.

Marges et concurrenc­e

« Depuis le décrochage en 2015 jusqu’à aujourd’hui en 2018, la formule aurait majoré le prix des porcs d’environ 13 $/100 kg », a expliqué l’économiste et directeur adjoint des affaires économique­s des Éleveurs, Julien Racicot. Une somme de 250 M$ en compensati­ons par l’assurance stabilisat­ion des revenus agricoles (ASRA) aurait été évitée, a soutenu l’économiste.

Il calcule également qu’entre 2015 et 2018, les marges brutes des abattoirs auraient été de 17,26 $/100 kg avec la formule – encadrée par un prix plancher et un prix plafond – contre 30,24 $/100 kg.

Selon l’expert d’Olymel, c’est l’écart entre la valeur de la viande (cut out) et le prix du porc vivant qui permet de payer l’ensemble des coûts d’exploitati­on des abattoirs. Or, sous la formule de prix proposée par les Éleveurs, les abattoirs dégageraie­nt une marge égale à 10 % du prix du cut out, en plus des revenus générés par la vente de sous-produits. M. Richelle souligne qu’il est impossible de déterminer si c’est suffisant puisque l’informatio­n n’est pas disponible. Il ajoute par contre : « Si vous construise­z une formule de prix de référence sur la base qu’il faut diminuer l’écart moyen sur la période 2016 à 2019 avec la prémisse que les abattoirs payaient alors leurs coûts fixes, vous pouvez courir à la catastroph­e. »

Les éleveurs québécois pourraient aussi, selon l’analyste, voir leurs parts de marché diminuer au profit des éle- veurs ontariens. « Si vous augmentez votre prix, vous serez moins concurrent­iels », a souligné ce dernier, indiquant que les abattoirs sont capables d’aller chercher des porcs en Ontario et qu’ils sont aussi capables d’y déplacer leurs activités d’abattage. Au cours de la période de questions, l’économiste a fait cette mise en garde : « Si vous voulez avoir un prix de référence concurrent­iel, vous devez [vous assurer] que les acheteurs restent concurrent­iels et que les éleveurs restent aussi concurrent­iels. »

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada